Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

coprah à Auckland, payer immédiatement la valeur d'une partie du coprah reçu, aux
producteurs. Cameron obtint 5 % du montant des transactions pour son salaire et celui de
son état-major, ce qui lui donna de beaux revenus, les plus élevés de Tonga pour un
étranger. Quant aux "traders", il apparaît que les plus petits d'entre eux furent très vite
ruinés par les opérations menées par la "Coopérative" ; quant aux grandes sociétés, Burns
Philp et D.H.P.G. de Apia, elles s'émurent vite de la situation et poussèrent les autorités
coloniales à réagir. Celles-ci s'emparèrent d'une demande de formation d'un Kautaha
dans le groupe de Hahapai pour exiger une audition officielle sur les comptes de
Cameron. Ceux-ci apparurent frauduleux, menant la société à la ruine, cela non sans
quelques exagérations. Le conseil privé de Tonga, malgré les oppositions, décida la
liquidation du Kautaha et Cameron fut poursuivi pour fraude, dissimulations, abus de
confiance. Néanmoins, un magistrat britannique de passage élargira Cameron et
reconnaîtra les bonnes intentions qui avaient présidé à la fondation du Kautaha. L'affaire
se résorba ensuite après quelques péripéties, par l'application d'un nouveau statut pour
un autre Kautaha dirigé par Cameron mais qui n'eut plus le dynamisme initial et semble
avoir décliné après 1916. Le fait important à noter consiste dans sa première liquidation
officielle et les contradictions de la politique du protectorat de Tonga face à cette situation.
Ainsi, ces cas précis montrent bien que très tôt les insulaires ont été à même, dans
une large partie du Pacifique, de réagir sur le terrain des nouvelles structures
commerciales avec un certain succès initial. Il est intéressant de noter le rôle de
"conseillers techniques" joués dans certaines de ces formes de réaction par des Européens
et l'embarras des pouvoirs coloniaux à trouver une parade adéquate à ces réactions qui
lésaient aussi bien les intérêts des missions, qu'ils soient matériels ou spirituels (cas de
Fidji), et voyaient certains chefs faire cause commune pour des raisons politiques avec
ces mouvements de réaction.
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