Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Amélia apparaît comme un cap difficile à franchir avec les rivalités menaçant l'équilibre
précaire d'Uvéa. Ainsi le résident Chauvot dénombre en 1888 1 , cinq candidats. TI rejette
deux d'entre eux car notoirement et activement "ami-français". Il s'agit d'Isaac, fils du
prince Pooï (Poï) qui s'était rebellé déjà contre le père de la reine; de plus Poï s'est
toujours heurté à l'influence française et lors de l'installation du protectorat son fils
s'enfuit à Fidji d'où il écrivit à la reine Amélia pour lui enjoindre "de ne pas vendre son
pays à la France et de s'appuyer sur les Anglais" ! Sermonné à son retour par Chauvot,
Isaac ne semble pas avoir fait un ralliement sincère.
L'autre mauvais candidat est Ului : "bâtard de la Reine, brutal et colérique". Sans
que nous rencontrions d'autres commentaires dans les sources sur Ului, force nous est de
constater que même la grande Amélia a commis dans sa vie privée et chrétienne quelques
écarts... Chauvot nous apprend par ailleurs avoir eu maille à partir avec Ului qui voulut
avec ses partisans attaquer Mua pour protester contre le traité de protectorat... Autre
candidat évincé, Païno un cousin de la reine, mais trop proche de la mission... Enfin il y
a les deux candidats "possibles", Vito et Akusitino. Vito, frère aîné d'Amélia est pour
Chauvot : "pas mauvais homme, assez pro-français mais borné, influençable, chauvin et
n'aimant que son district de Hahake. Quant à Akusitino, "fils aîné de la reine, pro­
français, partisan du progrès et de la civilisation, indépendant au point de vue religieux",
il jouit de toutes les faveurs de Chauvot, qui "le pousse" et il bénéficie aussi de la
neutralité de la mission...
De Kéroman qui succédera à Chauvot ne partagera pas les mêmes jugements, il
poussera Païno, fils de l'ancienne reine Falakika mais n'appuiera pas Akusitino qui joue
"au petit roi, ambitieux et maladroit, il a interdit les réjouissances de la fête patronale de
Mua, ce qui lui vaut beaucoup de rancoeur". Puis le résident intérimaire, Valsi, aura son
mot à dire. TI refusera de soutenir Isake (Isaac), finalement choisi par De Kéroman et
après bien des hésitations, la mission et lui revenant aux choix de Chauvot se décidérent
pour Akusitino qui aidait déjà sa mère Amélia à gouverner.
1 Cf: Chauvot 1.6. des 6 et 12 novembre 1889
- 177 -