Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

différemment selon que le peuplement s'installait sur de grandes terres (comme les îles
mélanésiennes des Salomon ou de la Nouvelle-Calédonie) ou sur des îles basses ou
coralliennes. Dans le premier cas, les sociétés insulaires ont bénéficié jusqu'à l'arrivée
des Européens au moins, d'un espace large et ouvert autorisé par les grandes superficies
et les faibles densités. Si on admet 100.000 habitants sur la Grande Terre calédonienne
début du 19ème siècle, cela impliquait une densité de 6 au km... L'habitat ressortait
schématiquement de la distribution suivante: une population de pêcheurs de bord de côte
associant éventuellement l'agriculture de subsistance, des villages ou hameaux le long des
alluvions des vallées côtières, un peuplement discontinu le long des hautes vallées et
pratiquant la culture des taros irrigués1.
Des liens d'échanges, des alliances unissaient plus ou moins ces communautés
souvent divisées aussi par des hostilités traditionnelles. Des migrations internes
consécutives aux aléas climatiques (cyclones, sécheresses, maladies) ou aux conflits entre
groupes marquaient plus ou moins sensiblement la vie des insulaires. La structure
politique reconnaissait cet éclatement spatial et privilégiait la vie des clans comme entités
autonomes, fédérés néanmoins en chefferies plus ou moins stables et importantes,
notamment dans les zones de contact avec les "outliers" polynésiens.
En Polynésie, la taille bien plus exiguë des îles et les limites écologiques des
milieux coralliens tendaient à favoriser des communautés plus resserrées spatialement
donc plus structurées socialement et caractérisées par le pouvoir de grands chefs
dépositaires et garants d'un système d'autorité souvent complexe et pesant. Si ces
différences de situations géographiques et écologiques créèrent des types d'activité
différenciés, il faut admettre aussi que les situations ne restaient pas immuables. En effet,
les contacts entre groupes étaient une nécessité aussi bien vitale que culturelle et les
migrations accidentelles ou calculées instauraient échanges, interpénétrations et brassages
avec leur cortège d'hostilité ou de convivialité selon les circonstances. Le fait que la
cf. ROUX J.C. : The importance of traditionnal melanesian agriculture in New Caledonia and the
question of the pre-contact distributions. Communication au ISème Congrès de l'Association des
Sciences du Pacifique. Février 1983. Dunedin. N.z.
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