Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

comptoir. Il en résultait des distorsions importantes1. En effet le prix payé au
commerçant local était inférieur de 4 livres sterling aux cours de Sydney (il y avait
plusieurs variétés de coprah), quant au prix payé "on the beach", il pouvait osciller entre
20 à 50 % en-dessous des cotations officielles de référence! Une remarque est à faire ici
sur le système des achats aux autochtones "on the beach ". Souvent ceux-ci utilisaient le
savoir-faire d'un "big-man", c'est-à-dire d'un insulaire habile, connaissant par expérience
de recrutement ou de navigation les comportements des Européens, sachant assez parler
l'Anglais, l'Allemand ou le Français et disposant d'une autorité reconnue sur un groupe
plus ou moins étendu d'insulaires-,
Peu avant la première guerre mondiale, on estimait à un peu plus de 500 000
tonnes le coprah commercialisé globalement dans le Pacifique. Plus de la moitié provenait
des Indes Néerlandaises et des Philippines. L'ensemble du sud Pacifique représentait une
production atteignant 80 000 tonnes environ. Les colonies allemandes du Pacifique
intervenaient pour 29 000 tonnes (dont 12 000 pour Samoa). Fidji pour 14000 tonnes,
Tonga produisait Il 000 tonnes, les Nouvelles-Hébrides 8 000 tonnes, les Gilbert et
Ellice 4 000 tonnes, les Salomon et la Papouasie anglaise 5 000 tonnes. Les productions
"françaises" des Nouvelles-Hébrides, Nouvelle-Calédonie, Wallis-Futuna et Tahiti et ses
archipels étaient créditées de 9.000 tonnes! Ainsi près de la moitié de la production
provenait du Pacifique central et ainsi explique bien la conjonction d'intérêts antagonistes
des diverses sociétés commerciales vers cette région.
Burns and Philp décida de s'y implanter par la mise en place d'un nombre
important d'agences et de commanditaires à travers la société "Robbie and Co" qui
absorbera peu après la société Kaad et formera le groupe "Robbie, Kaad and Co Ltd "
filiale de Burns Philp. Les résultats de ces opérations de concentration seront très vite
cf. : The history of Burns Philp op. cil. : 160-161. Qui cite l'exemple du "trader" Lucas aux îles
Marshall en 1905. La tonne de coprah a été payée cette année là 6.20 livres aux producteurs, mais
rapportait 9 livres vendue à Sydney et était revendue 14 livres sur le marché mondial!
2 Ce type de personnage était répandu en Mélanésie et dans le Pacifique central et était l'intermédiaire
obligé de beaucoup de transactions entre Européens et autochtones. Cf. Sahlins M.D. : roor man. rich
man . big man. chiefs political types in Melanesia and Polynesia. Comparative studies in history and
society. The Hague . Tome 5 : 285-302; Avril 1963
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