Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

sur le tas dès l'arrivée des 80 Wallisiens-Futuniens embauchés, ceux-ci exigeant une
discussion entre le Kivalu et le ministre Manua présents sur les lieux et concernant leur
salaire horaire et leur nourriturel.
De ces heurts, il se dégagea vite une leçon: la main d'oeuvre insulaire ne se
comportait pas selon les normes propres aux autres travailleurs immigrés. Elle était
exigeante pour ses conditions de logement, ne voulant pas être mélangée avec des
"étrangers" ; elle entendait obtenir des rations alimentaires correspondant à ses goûts
propres. Enfin, trait caractéristique de l'histoire wallisienne, "un arrangement" devait être
pris solennellement entre les représentants coutumiers et politiques des Wallisiens et leurs
interlocuteurs patronaux... On peut concevoir la surprise de certaines instances
calédoniennes devant cette forme inattendue de contestation des modalités de leur emploi
venant de la part de frustes migrants, illétrés, et sans expérience du monde salarial...
Quelques abus eurent lieu aussi et les autorités s'éfforcèrent de les détecter et d'y
remédier.
Ainsi début août 1955, le Haut Commissaire de la République après une tournée
d'inspection à Wallis-Futuna proposait au Ministre de la France d'Outre-Mer, les mesures
propres à améliorer les conditions de venue de la main d'oeuvre-. En accord avec
l'évêque de Wallis, Mgr Poncet, et les autorités politiques wallisiennes un catalogue de
mesures fût proposé. Parmi les principales, notons la connaissance par les intéressés de
leur futur employeur, la limitation à deux ans des contrats d'embauche, l'appel à un
nombre équilibré de célibataires et d'hommes mariés accompagnés de leurs familles, un
salaire minimum de la 000 francs C.F.P. et la création d'un système d'épargne­
logement Un représentant de la reine aiderait en Nouvelle Calédonie à régler les litiges, à
rapatrier les éléments agités (par l'alcoolisme). Enfin "un régime de suralimentation" était
préconisé ainsi que le logement par groupe ethnique individualisé des travailleurs. Ces
dispositions devaient être aussi appliquées aux travailleurs installés aux Nouvelles
Hébrides.
1 Cf: Lettre du 3/1/1956 de la S.G.E. au Haut Commissaire.
2 Cf : Lettre du 8/8/1955.
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