Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

) Le gouverneur impose la liberté du commerce
C'est le 25 ou 26 juin que l'aviso "Aldebaran" touchera Wallis ayant à son bord le
gouverneur Repiquet qui immédiatement ouvrira une enquête qui durera jusqu'au 29
juin1. Les commerçants qui ont porté plainte contre le roi seront entendus ainsi que ce
dernier assisté d'un interprète de la mission, le Père Marquet, tandis que J. Brial qui
comparaîtra sera l'interprète des commerçants chinois... C'est la déposition de J. Brial
qui sera la plus nourrie et la plus grave. Brial accusera nommèment le roi, mais pas le
Kivalu, des tapus bénéficiant à la Compagnie Uvéenne. Mais, pour lui, il y a aussi
l'influence de Wallisiens "qui ont voyagé" et conseillent le roi et surtout le rôle de "la
puissance occulte". "Je suis persuadé que c'est la mission qui pousse en dessous et
comme je ne suis pas de son opinion, parjalousie les missionnaires poussent en cachette
le roi et ses acolytes" déclarera Brial qui déplore aussi l'inaction du gouverneur à qui il a
donné les noms d'agitateurs notoires. Pour Brial, l'immense majorité des Wallisiens subit
cette situation créée par le roi par crainte de punitions et dont chacun des sujets a accepté
de livrer pour le roi 100 livres de coprah et 120 livres pour les chefs.
Malgré sa déposition quelques peu partisane, J. Brial assurera la traduction, car ils
ne parlent que l'anglais ou l'uvéa, des dépositions des traders chinois. L'un, Akipa,
confirmera les tapus royaux et la nécessité d'une remise en ordre sinon sa société quittera
Wallis; l'autre Minh Quong qui reconnaît avoir refusé de servir le roi, un soir et dont le
commerce fut lapidé, confmne les tapus et son désir de quitter l'île si rien n'est fait par
l'autorité française contre le roi allié de la mission... Le dernier commerçant, Wendt, de
la maison Sinclair, s'étonna du "tapu" qu'il a subi car le roi vend 25 % plus cher que les
commerçants, les produits de ses comptoirs. De plus tous les wallisiens doivent peser
leur coprah auprès des seuls contrôleurs du roi...
Celui-ci paie le coprah 9 shillings les 100 livres anglaises mais le revend 15
shillings et constate Wendt : "jamais les commerçants n'ontfait et loin de là, un bénéfice
1 Cf : Mallet 7.17. Minutes des interrogatoires du 27 au 29 juin 1921.
- 247-