Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

de passage. Possédant la langue, les coutumes, parfois adoptés par les familles de chefs,
ils serviront vite d'interprètes, de négociateurs, voire aussi de médiateurs lorsque des
conflits ou des malentendus éclataient. Très vite baleiniers, santaliers, pêcheurs de
trepang prirent l'habitude d'utiliser leur truchement avec les insulaires. Ils dépendaient
totalement pour leur vie et leur sécurité des autochtones et ils subissaient souvent les
contre-coups d'incidents locaux... Mais d'autres cas de figure existaient aussi. Quelques
batteurs de grèves du fait de leur qualification professionnelle: charpentiers, armuriers,
forgerons, cuisiniers, soldats, furent utilisés par des chefs locaux en fonction des
services qu'ils pouvaient rendre et devinrent des mercenaires des sociétés insulaires qui
essayaient de s'adapter aux circonstances nouvelles liées à l'arrivée des Européens1.
D'autres devinrent armuriers (à Hawaii), voire fondirent des canons et entraînèrent à
l'occidentale des troupes locales (à Fidji). A Tonga ou à Tahiti, ils jouèrent le rôle de
chefs militaires-. Il y eut même des femmes parmi eux et une épousa à Fidji un chef local
(cf. Maude op. cit.) !
A côté de ces Européens impliqués directement dans les rapports avec les
insulaires, il y eut d'autres cas de figures. Nombre d'entre eux se contentaient de
s'installer sur une plage, d'y vivre de pêche, de petites cultures, isolés ou parfois en
concubinage avec une autochtone, mais d'autres aussi s'intégraient à la longue par
adoption à un groupe insulaire. Certains, et ils furent nombreux, erraient d'un village à
l'autre, d'une île à une autre, voire et les cas furent fréquents, vagabondaient entre des
archipels plus ou moins lointains... Si quelques uns se contentaient du minimum et d'une
vie misérable, d'autres essayaient, parfois avec les pires méthodes, d'amasser un magot
en abusant les insulaires comme les Européens auxquels ils proposaient leurs services.
Parfois enfin quelques aventuriers s'approprièrent une île et régentèrent sa population, ce
fut le cas de Jules Tirel à Tokelau (cf. Hooper A. op. cit.),
1 cf.: Bargatzky Th. : Beach-combers and castaways as innovators, LE...H. pp. 93-102.. vol. 15. 1980.
2 cf.: De Deckker op. cil. Qui cite la participation d'Européens dans les rangs tahitiens opposés à
l'armée française lors des combats contre le Protectorat..
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