Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

L'arrivée de l'intérimaire Bouge donnera un point de vue intéressant sur ces
problèmes. TI constatera 1 que si "les indigènes demandent deforts salaires (5 francs plus
la nourriture) les commerçants/ont des bénéfices de 100 à 150 % sur les marchandises
courantes. De plus, le besoin de main-d'oeuvre est irrégulier car dépend de l'arrivée des
bateaux"... Donc une dédramatisation du problème est faite.
Ces incidents montrent qu'à côté d'une probable opposition des autorités royales à
J. Brial qui a pris parti pour le résident, subsistent les coutumes locales qui se plient mal à
la division du travail voire au favoritisme qu'elle entraîne de la part des traders. Une autre
affaire mettra en 1917 en relief sous le résident Magnin la collusion existante entre
trafiquants et ministres ou princes. Un armateur-négociant aventureux, Nicolas Hagen dit
"Tiby" après un long passage à Wallis, obtint du Premier Ministre Kivalu le droit de
recruter une quinzaine de Wallisiens pour la Nouvelle-Calédonie ce qui n'était pas la
première tentative réalisée 2 . S'il remit "une certaine somme au roi, celui-ci la confia au
Kivalu pour la répartir aux familles des engagés. Mais l'argent disparut...ce qui entraîna
la chute du Kivalu ". Mais celui-ci avait agi sans l'accord de la mission opposée à ces
trafics de main-d'oeuvre et il était rendu arrogant par les faveurs obtenues de Brochard
qui l'avait fait décorer et visiter la Nouvelle Calédonie...
d) L'arme royale du tabou
Ce fut la plus redoutable et celle qui par son emploi durable créera comme nous le
verrons des crises graves. Le pouvoir du tabou a été décrit et analysé par de nombreux
auteurs et a donné lieu aussi à des versions romanesques. Il était en quelque sorte l'arme
suprême des rois et chefs océaniens.
A Wallis, les chroniques font état de tapus royaux interdisant par exemple la
cueillette ou la vente du coprah. Cela, soit par souci de reconstituer les plantations, soit
1 Cf: Brochard 5.31 du 15 mai 1911
2 Le même Hagen en 1913 avait recruté sans autorisation des Futuniens,
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