Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

péruviens1. Mais seulement quelques Rotumiens auraient été embarqués de force ; des
sources confuses ne permettent guère d'être plus précis sur les Rotumiens engagés sous
contrat pour Fidji, Samoa, Hawaii ou le Queensland.
En 1881, les chefs de l'île lassés des rivalités et conscients des dangers
extérieurs, sollicitèrent le protecorat britannique qui leur fut accordé ; la mission
catholique avait finalement été écartée après une guerre intestine en 1878 par les
Wesleyens. A partir de 1880, l'île subira une série d'épidémies diverses (dysenterie en
1882, coqueluche en 1884, dengue en 1885, grippe en 1891 et 1896, et à nouveau
dysenterie en 1901). Ainsi à partir de ces divers constats de situation, l'île de Rotuma
semblait relever du cas des îles très menacées par les multiples implications du contact
avec les Européens.
Or, cette île va échapper à une déstabilisation potentielle en réussissant à adapter
quelques unes de ses structures aux réalités nouvelles. Ainsi, la structure politique va
montrer une intéressante aptitude au changement. Jusqu'à l'arrivée des premiers
Européens, l'île était divisée en 7 districts (jadis 5). Les chefs de districts se réunissaient
pour élire chaque année un des leurs parmi les plus aptes pour jouer le rôle de "Sau". Ce
personnage était au sommet des honneurs, présidait toutes les festivités et cérémonies et
ainsi était redevable de la prospérité générale de l'île en assurant une fonction de
truchement entre la communauté insulaire et son "invisible mythique". Les chefs de
district - "ho'aga" qui choisissaient le "Sau" avaient des fonctions précises. Ils étaient
responsables du respect de la coutume, arbitraient les conflits de personnes et les
querelles foncières, commandaient les travaux collectifs (pêche, agriculture), surveillaient
l'entretien et la conservation des cocoteraies, recevaient les prémices annuels. Avec
l'arrivée des premiers Européens, les "ho'aga" servirent de truchement pour les rapports
avec les étrangers et les insulaires, de même les missionnaires passèrent par leur canal ;
ces nouvelles fonctions devaient sensiblement renforcer leur position et leur pouvoir.
cf. : Howard Alan : The power to heal in colonial Rotuma, u..s... vol. 88. n" 4 : 243-275 ; septembre
1979
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