Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

c) Un régulateur possible le retour aux cultures sur ordre coutumier?
La projection sur le moyen terme de la continuation des pratiques de l'agriculture
sur brûlis est inquiétante si on compare cette situation avec celle d'îles du Pacifique
oriental (île de Pâques ou Mangareva, par exemple) où le couvert forestier a totalement
disparu.
Des éléments de réponse et de réaction à cette situation se trouvent au sein des
institutions coutumières traditionnelles qui gèrent de tout temps l'espace, assurent le
fonctionnement des droits fonciers et ont un droit de regard sur l'utilisation du soll.
Prenant l'exemple de Futuna, J.P. Doumenge résume l'essentiel de la stratégie des
lignages qui se partagent les terres: disposer de la zone côtière jusqu'au plateau central,
d'une bande de terres à cultures permettant de disposer et de cumuler l'intérêt agricole
propre à chaque type de terrain et à ses potentialités-. Chaque catégorie de terrain est
affectée d'un statut foncier propre obéissant aux régles soit de la propriété indivise, soit
de l'appropriation collective au sein du village. Ainsi les terres du tofia souvent, sont
réservées au lignage, mais sur les friches à brûlis, les droits sont individuels mais une
occupation pérenne peut (après 20 ans par exemple, selon J.P. Doumenge) les
transformer en terres lignagères. Le Père Servant- notait que "les montagneset tous les
endroits situésdans l'intérieur de l'île " étaient soumis aux droits collectifs du village.
Signalé déjà par Burrows en 1937, le processus de déforestation interpelle
aujourd'hui les autorités administratives et politiques et surtout les autorités coutumières
détentrices des clés du système des terres et médiatrices des litiges fonciers qui en
découlent. Or le système coutumier est affecté par une crise interne provoquée à la fois
cf. : Doumenge J.P. : contrôle de l'espace et utilisation du sol en Océanie insulaire. ln : Nature et
Homme. dans les îles tropicales, op. cil
2 Avec le terrain de bord de mer, "Kele Nofoaga", où s'installe la maison et qui permet la pêche aux
coquillages, crevettes d'eau douce des torrents, élevage des porcs nourris de crustacés et coprah puis les
terrains de "Tofia" permettant les cultures irriguées de taro, enfin les terrains de défriches (Kelémaua
mei1e makele) sur brûlis.
3 cf.: Rozier, C. : L'ancien Futuna, in LS....Q. N° 19 - 1963 - op. Cil
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