Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Un autre tribunal chargé des affaires des autochtones fut mis en place. En 1856, l'évêque
Rouchouse qui supervisait et protégeait la mission de Mangareva, interdisait toute vente,
donation ou location de terre aux étrangers sans l'avis de la mission! De plus, tous les
biens acquis jusqu'ici par les européens (terres, maisons) devaient être restitués sans
indemnisation à leurs anciens propriétaires autochtones! Le commerce européen protesta
à Papeete... En 1860, tout indigène cherchant à fuir en canoë était condamné par un
décret, à un an de prison et à la bastonnade! Le gouverneur intervint et fit supprimer cette
dernière clause...
A partir de 1860, une certaine désobéissance se manifesta à Mangareva par des
essais plus ou moins réussis de fuite de l'île en canoë ; quant à la prison locale, elle faisait
le plein en contrevenants divers! C'est de 1855 à 1860 que la mission fut au faîte de leur
pouvoir quasi total sur les âmes comme sur les personnes ainsi que s'en félicite le Père
Laval] : "C'est continuellement qu'ils s'adressent à nous pour vider leurs différends, les
diriger dans leurs entreprises, les aider à maintenir le bon ordre dans leurs ménages. Le
Roi lui-même n'en use pas autrement .. il veut que je sois son ministre, son conseiller
privé et le président du conseil spécial qui est établi pour traiter les affaires concernant les
Européens. Un avis de notre part est pour nos chrétiens comme un ordre, tant ils sont
convaincus que nous les aimons. Aussi ne nous appellent-ils que le Père, "te Motua".
Mais à partir de 1865, ce succès trop absolu commence à provoquer le déclin de la
mission. Emporté par ses spéculations sur la nacre et les perles, elle se heurtera à des
commerçants mécontents des pratiques missionnaires exclusives; déboutés par le
"Conseil des Européens" dominé par la mission, des commerçants vont néanmoins
obtenir gain de cause du gouverneur excédé et une amende fut infligée à Mangareva
(160.000 francs de l'époque !). C'était le début du désastre...
Des résidents de l'administration coloniale se succèderont, chargés de désarmer
de l'intérieur le parti de la mission. Le mécontentement de la population, le maintien
d'une discipline dure au travail pour payer l'amende de 160.000 francs, vont décourager
Lettre à Mgr Rouchouse, cf. Newbury, op. cil.
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