Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

effet, le Père Fillion va préparer des locaux pour les enfants destinés à apprendre le
français et Bécu note la satisfaction des familles wallisiennes devant cet événement l . Mais
cette tentative sera sans lendemain. D'ailleurs en 1926 le capitaine Decoux avait noté que
même les séminaristes parlaient mieux latin que français !
Dix ans plus tard, comme ses prédécesseurs depuis Viala, le résident de l'époque,
le Docteur Renaud 2 constate que malgré une longue présence missionnaire, seuls "deux
ou trois indigènes quifurent en Calédonie et un ancien capora/" parlent le français ! Le
Docteur Renaud débattit du problème avec les Pères Fillion et Cantala qui lui confmnérent
l'échec des tentatives faites jusque là. Aussi un nouvel essai fut-il convenu avec la
mission. Une classe expérimentale de vingt élèves recevra un enseignement du français
pendant deux mois à raison de trois jours par semaine. Le vocabulaire et une syntaxe
simple y seront enseignés.
Bien sûr, pour le résident il n'est pas question, compte tenu du contexte insulaire
et de l'absence de déplacement des Wallisiens, à l'extérieur, d'enseigner autre chose que
les rudiments de base directement utiles...
Autre proposition du résident qui demandait une réponse urgente du gouverneur :
l'envoi à l'école à Nouméa de cinq ou six fils de chefs qui y apprendraient le Français et
au bout de quelques années pourraient devenir des moniteurs d'enseignement à Wallis, ce
qui permettrait de remédier à la longue à l'anomalie que constitue Wallis: Un pays
ignorant la langue de son protecteur! Le gouverneur Guyon sera sensible à cet exposé
dans sa réponse au résident, il rappellera son propre constat de carence en ce domaine
lors de sa visite de 1926 et l'accord conclu avec le R.P. Fillion pour subventionner une
classe de français.
Aussi approuvera-t-il les dispositions prises mais il n'acceptera de jeunes
Wallisiens à Nouméa qu'à condition qu'ils aient déjà acquis les rudiments du français et
du calcul et il demandera transmission de cet extrait de sa lettre à la mission avec
1 Cf : Bécu 8.2. du 12 juin 1922
2 Cf : Renaud 11.2. du 15 juin 1931
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