Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

mission paraissait paisible. Le Père Bouzigue ne connaissait pas de problèmes
particuliers, le Père Jouny servait de conseiller privé à la reine Amélia, le Père Ollivaux
dirigeait la paroisse de Mua et à Hihifo, le Père Rondel ne faisait guère parler de lui,
d'ailleurs, notait le rapporteur: "...du reste, il n'a jamais eu beaucoup d'activité".
A Futuna, l'action du Père Queblier était saluée comme celle "d'un apôtre et d'un
bâtisseur" vivant en bonne entente avec le Père Hervé. Or ce constat va se trouver infirmé
à partir de 1890. Il est probable que le remplacement à partir de 1896 du Supérieur
Bouzigue par le Père Henquel et la présence du Père Bazin, arrivé en 1891, soient à
l'origine de désaccords entre missionnaires... Quoi qu'il en soit, le Père Henquel avait sa
personnalité contestée au sein des Maristes et cela apparaît nettement1, avec la critique du
Père Nicolas, lorsqu'en 1912, Mgr Blanc le renomma à la tête de la mission de Wallis:
"Avant son départ deSamoa, Mgr Blanc avait été averti par Mgr Broyer: "... ne nommez
pas le P. Henquel, Supérieur, je le connais depuis longtemps, et il est absolument
incapable de mener la barque pendant les troubles .. et il ne fera rien, ne s'occupera de
rien, etc...". Or à Wallis, il apparaît que la personnalité du Père Bazin était contestée pour
divers motifs d'ordre religieux comme pour son ambition...
En 1905, le Père Henquel enverra sa démission à Mgr Lamaze et ne cachera pas
en termes sobres mais avec peu de commentaires, qu'elle est provoquée par les réformes
introduites par Bazin au séminaire de Lano comme par les critiques de celui-ci sur l'action
du Père Henquel... Si le Père Bazin deviendra en 1906, Supérieur de la mission, les
séquelles de ces différends seront durables. Aussi, lorsqu'en 1910 éclatera la crise
Brochard-Bazin, seul Bazin représentera l'esprit de résistance et il découvrira combien lui
est mesuré le soutien de ses confrères. Ainsi le Père Fillion2 fera état d'une première
tentative de coup d'état due aux amis du Supérieur (sinon inspirés par lui !) contre le roi
Mautarnakia, allié de Brochard, mais qui avorta devant l'opposition des Pères Henquel,
Moussey et Fillion...
1 cf : rapport du Père Nicolas du 1er mars 1913, op. cil.
2 Lettre du Père Fillion du 24 mars 1910. A.P.M. Rome
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