Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

) L'emprise mariste sur la vie politique insulaire
Cette emprise suivait au moins trois directions: le contrôle des rois et chefs donc
des successions, la prévention des agitations politiques, la surveillance de la société
civile.
L'aspect essentiel de ce contrôle était la succession royale, clé de voûte du système
politique. Aussi, il est très curieux de noter l'indifférence de la grande majorité des
résidents envers les modalités propres à ce système que Chauvot et Viala évoqueront
sommairement et sans l'analyser dans les détails. La mission elle-même ne présente, sauf
deux exceptions, que de très maigres informations. Or, ce désintérêt ne se justifiait pas si
on prend en compte les enjeux propres à certaines élections au moins à Wallis. A notre
connaissance, de 1888 à 1963, seuls Mgr Lamaze et Mgr Poncet ont laissé des
observations sur le mode d'élection à Wallis et seul Mgr Poncet évoque Futuna.
Pour Wallis selon Mgr Lamaze! qui ne fait état d'aucune retouche du système par
la mission, la succession "comme dans la plupart des tribus polynésiennes... se fait en
ligne collatérale, du frère au frère, et non du père aufils. Deuxfamilles se partagent la
monarchie, celle de Lavelua et celle dePoï et c'est "à tour de rôle qu'on choisit le sujet le
plus apte à régnerl". Ce sont le Kivalu et cinq ministres qui choisissent le nouveau roi.
Mais il y a des exceptions, ainsi les filles du roi défunt peuvent régner comme plus
rarement, un de ses fils.
Bien plus tard, Mgr Poncet qui avait recueilli les coutumes règlant les successions
royalesé, apportera quelques précisions intéressantes. Ainsi, le roi est élu par les familles
princières de sang royal. Il ne précise pas s'il s'agit seulement des familles de Lavelua et
de Poï comme l'écrivait Mgr Lamaze. Mais il fait état d'une réforme au début du 20ème
siècle avec l'adjonction d'un second collège de 10 à 20 membres choisis parmi les
anciens des familles princières. Lors d'une élection, les deux collèges fixent ensemble les
1 cf: Mgr Lamaze, lettre (S.D) de 1895 au Père Provincial. A.P.M. Rome
2 Vu sa collusion avec les Tongiens Wesleyens et les guerres civiles qui en résultèrent, la famille Poï
ne participa pas de longtemps au pouvoir
3 cf: Mgr Poncet : Coutume concernant l'administration autochtone. Ronéo, 12 p. SD (1963 ?)
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