Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

§ 1. Le culte du "G.I."
De juin 1942 à juin 1944, Wallis a vu déferler sur les cantonnements construits
par l'année américaine des milliers de soldats avec une présence moyenne de 4000
hommes à haut pouvoir d'achat. De plus les travaux de l'année, ses besoins en civils
pour ses multiples tâches vont provoquer un appel d'offre sans précédent sur la
population active de l'île, même les femmes seront embauchées comme lingères,
serveuses. Enfin malgré l'opposition de l'évêque, un contingent, certes réduit, de
travailleurs (130 environ) partira en Nouvelle-Calédonie.
Il en résulta économiquement une euphorie sans précédent; faute de transport
maritime comme de main d'oeuvre, le coprah ne fut plus récolté sauf pour nourrir encore
les porcs. Seules se maintinrent les cultures vivrières de base, devenues un appoint
d'ailleurs aux rations alimentaires de l'année américaine qui acquirent avec la viande en
conserve un droit de cité durable.
Nous avons noté aussi les changements psychologiques et culturels résultants de
cette brutale rencontre entre une population "préservée" et le monde occidental et les
transformations des conduites sociales et économiques qui devaient en découler.
A partir de juin 1944, le départ de presque tous les soldats américains ramenait les
WaIlisiens face à eux mêmes et les plaçaient dans une situation sans précédent de retour à
la nécéssité après deux ans de gaspillage sans frein.
Fin 1944, le nouveau résident Charbonnier estimait que l'oryctes frappait 90 %
des cocotiers. Le bétail objet des soins de David avait presque disparu (il restait 10 têtes).
Cochons et poulets victimes d'hécatombes tant que dura la prospérité durent être interdits
de consommation ! Enfin le lagon avait été mis mal dans ses ressources en poissons et
crustacés par l'abus des pêches notamment à la dynamite et n'était plus à même comme
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