Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Le désarroi de l'administration coloniale face à la situation de l'archipel remontait
à 1945 au moins, dès que les conséquences du départ américain purent être clairement
perçues. Dès 1945, le capitaine Charbonnier 1 reprenant l'historique de l'économie de
l'archipel, évoquait le problème ancien de l'oryctes, les travaux lancés par les divers
résidents pour lutter contre ce fléau et le découragement général de la population après
1940 puis l'abandon des plantations avec l'arrivée des soldats américains.
Ce rapport constatait l'échec complet des tentatives de lutte contre l'oryctes,
l'envahissement des autres cultures par ce parasite rendant aléatoire une action
d'éradication efficace dans les cocoteraies. Quant aux autres produits, ricin, cacao, café,
coton, le résident faisait la rétrospective négative des essais tentés.
Aussi la situation de l'archipel et surtout de Wallis apparaissait-elle désastreuse
après le cyclone de 1944 qui avait ruiné les cultures vivrières comme l'absence de
perspectives économiques futures viables sauf la rénovation systèmatique des cocoteraies
par replantation, seule solution possible 2.
Si, en 1946 une amélioration est notée dans l'état des cocoteraies, les Wallisiens
répugnaient à reprendre à nouveau les travaux d'entretien qui seuls limitaient les attaques
de l'oryctes. Plus grave, malgré les campagnes d'information et de sensibilisation sur
l'impérieuse nécessité d'une relance de l'économie du coprah, les nouvelles plantations 3
ont été faites sans zèle et avec beaucoup de négligence... En 1947, le seul point positif
apparaissait être la reconstitution des cultures vivrières, mais le problème de la liaison
maritime restait en l'état... et les magasins de Wallis vides...
Cette situation va émouvoir l'évêque de Wallis, Mgr. Poncet, qui écrira au
gouverneur pour faire part de son point de vue sur la situation 4.
Pour l'évêque, le point essentiel residait dans l'amélioration des cultures vivrières
grâce à une discipline accrue des autochtones et un contrôle administratif, puis encourager
la pêche, favoriser la consommation du manioc, développer la consommation des porcs
1 Cf: Rapport du médecin-capitaine Charbonnier du 28 mars 1945.
2 Cf: Rapport du résident du 16 août 1945.
3 Cf : Rapport du 10/1/1947.
4 Cf: Lettre du 30 avril 1947 transmise au ministre de la France d'Outre mer, le 16 mai 1947.
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