Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Choderlos de Laclos, Sade) comme à l'esprit de galanterie (Marivaux, Beaumarchais),
elle crut trouver dans les moeurs sentimentales comme sexuelles des "nouveaux
sauvages" du Pacifique, un certain modèle réconciliant le plaisir et le sentiment
amoureux, la nature et la culture ... On peut affirmer que l'odyssée des mutins de la
"Bounty" et leur épopée jusqu'à Pitcairn alimenta aussi les spéculations et les fantasmes
de l'époque comme en témoigne l'immense littérature consacrée à cet épisode fameux de
la saga océanienne.
L'exaltation de la Nature trouvera d'abord son aliment dans les descriptions
paysagistes de l'époque voire dans les tableaux ramenés par certains voyageurs. La
beauté exotique des paysages de bord de mer, l'ampleur équilibrée de certains
phénomènes naturels ne pouvaient manquer de frapper et enfiévrer les esprits (par
exemple les grottes néo-zélandaises). Ainsi se répandit, déformée, enjolivée, exagérée, la
mode de chromos s'attachant à mettre en valeur les îles et paysages du Pacifique,
présentés dans une splendide majesté, adoucissant les couleurs vives et les nuances
chatoyantes, donnant l'ampleur d'une force sereine naturelle, d'autant plus paisible et
attirante que ces "natures" étaient vierges de toute transformation par l'homme et ses
besoins!
Dans cette nature au temps égal et où domine la beauté, l'homme qui y vit est le
bon et noble sauvage façonné, illuminé par l'harmonie ambiante qu'il respire... Car les
lois de la Nature sont universelles et ne peuvent être que cohérentes, harmonieuses et
donc raisonnables...!
Aussi, la nature humaine de l'indigène du Pacifique est le reflet de cette
perfection. Et nombre d'auteurs-voyageurs imprégnés par le mythe du bon sauvage déjà
véhiculé avant les romantiques et les philosophes par l'oeuvre de grande diffusion que fut
le "Télémaque" de Fénelon (qui fut traduit en Anglais), posent avec Bougainville un
regard lénifiant sur les vertus de l'''homme naturel" ... Ainsi les doux Tahitiens sont
comparables aux habitants de l'Elysée antique des dieux anciens... C'est le Paradis avant
la chute, éternellement préservé par la bonté des actes et où la beauté complice de la nature
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