Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

En 1840, il quitta Wallis avec une soixantaine des siens pour se réfugier à Tonga
où il se fit protestant; en août 1842, il revint avec ses partisans à Uvéa 1 peut être aussi
avec un renfort tongien ...
A partir de 1844, la crise dynastique dégénéra en guerre civile sporadique. Po'oi
et ses partisans entendaient chasser de leurs terres les catholiques fidèles au roi et à la
mission ...
De provocations en exactions, d'incidents en affrontements violents, l'île se
trouva coupée en deux parties opposées mais inégales en poids: "2300 catholiques contre
3 ou 400 protestants" écrivait la mission ... ?2.
Or, en 1845 comme plus tard, le principal appui de la mission et la caution
politique de sa présence, le roi, paraissait bien peu sûr ...
La missionnaire Mathieu déjà cité plus haut est sans illusion là dessus dès 1845 :
"Cependant nous nous attendons encore à de nouvel/es épreuves ... Tongahala (le roi)
est un homme très dangereux, quoiqu'il nous soutienne par politique, il est loin, je crois,
de nous vouloir du bien ... D'un autre côté, les protestants font jouer tous leurs ressorts
pour nous faire passer pour des agents français, préparant la voie à une usurpation..."
Ainsi les choses sont nettes et bien établies dès l'origine et éclairent le vrai rôle des
acteurs et leurs masques ... Aussi peut-on penser que les subtils et tenaces Maristes ayant
vite mesuré la précarité de leur alliance avec les retournements de situation brutaux
propres aux institutions polynésiennes, ont très vite mis en place les moyens de prévenir
à terme rapide une détérioration de leur position. Ces moyens vont se concrétiser par la
mise en place du "système mariste" dès 1842 ainsi que le Père Bataillon en conçoit lui
même les grandes lignes: " Tout est sur pied maintenant dans notre chrétienté, tout est
fait, tout est formé comme dans les anciennes chrétientés, il ny a plus qu'à se soutenir.
Nous al/ons plus particulièrement viser maintenant à ce qui concerne le bien être temporel
de nos néophytes, leur apprendre à cultiver le coton, à le filer, à le tisser, à se construire
1 Cf: Lettre du R.P. Viard du 08/11/1842 p. 468 Annales des Missions d'Océanie, op.cit.
2 Cf : Lettre du R.P. Mathieu du 10/06/1845 p. 494 et suivantes ibid.
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