Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

en avant et vous, vous marcherez les jambes écartées ..." (sic)...! Aussi pour parer à cet
"avenir radieux", le résident a convoqué les Chinois à un fono. Leur représentant, Akipa
expliquera que face à la puissance de Burn's Philp qui impose ses prix de fret et le
tonnage disponible, la seule parade était un regroupement et un accord avec Brial (qui
semble-t-il alors qu'il est arrivé comme délégué de B. and P., a créé son fonds de
commerce puis s'est éloigné de son employeur).
Aussi veulent-ils affréter un navire sous pavillon français pour être indépendants.
Akipa donc récuse les reproches de tromperie et pousse le luxe de justifier les relations
avec les Wallisiennes : "...el/es viennent d'el/es mêmes et quand nous commettons une
infraction aux lois Wa//isiennes, nous payons !" Propos intéressants, car le concubinage
sera à l'origine, ultérieurement, d'une autre crise locale comme nous le verrons. Si Bécu
est d'accord avec cette entente justifiée par l'étroitesse du marché et la puissance de B.
and P., il sait aussi que le roi et un de ses ministres a partie liée avec les Chinois bien que
le roi en public leur ait déclaré: "Nous ne voulons pas que votre race s'étende ici" ! ...
Ainsi cene affaire montre la permanence du jeu de duplicité propre au mécanisme
social insulaire. Malgré les vertueuses protestations du commerce, il y a eu bel et bien
entente entre les commerçants au détriment des Wallisiens comme le constatera en 1926
un rapport du résident Barbier. Les deux maisons de commerce de Wallis depuis deux
années, constate le résident, en supprimant la concurrence ont gagné 6 livres sterling par
tonne!
Or, les Wallisiens qui connaissent les prix de Fidji le savent et après la répression
des tapus en 1925, ne peuvent plus réagir et en concluent que l'administration est de
connivence avec le commerce. Aussi il y a résistance passive car: "Plus le prix du coprah
est bas, moins les indigènes en préparent, aimant mieux se nourrir et nourrir leurs
animaux avec une denrée de si peu de valeur, préférant même s'éclairer à l'huile de coco
au lieu de pétrole et se vêtir d'étoffe d'écorce." 1 !
1 Cf: Barbier 9.11 du 31 décembre 1926
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