Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Quant à la mission, son rôle est double puisqu'elle détient le pouvoir spirituel
comme le temporel. Son Supérieur, le Père Queblier jusqu'en 1908, le Père Haumonte
ensuite jusqu'en 1938 y assurant une double tutelle patriarcale et s'accommodant des
foucades régulières des roîtelets. En effet, ici "la mission est différente de Wallis", son
train de vie est modeste, ses bâtiments réduits à l'essentiel, la pompe des offices est
rustique, le luxe absent, sans souci d'en imposer et de régner. A quoi est dû cette rupture
avec Wallis, alors que Mgr. Bataillon, y rédigea à l'instar de Wallis, le code des lois
futuniennes en 1858 ? Code qui resta sans grand effet d'ailleurs et tomba dans l'oubli !
Est-ce l'échec des tentatives d'unification de l'île par Niuliki, puis Tongahala venu de
Wallis vers 1850 ou de Sam Keletoana qui abdiqua car ses sujets refusaient de lui
accorder le même train de vie royal avec les hommages dus qui existait à Tonga "...refus
de crasseux vieillards qui demandaient un roi cultivateur et cuisinier selon l'usage
antique"...?
Est-ce le fait d'une absence de "leader-ship" des Supérieurs, n'ayant pas comme à
Wallis à défendre leur mission face aux menées d'un pouvoir royal unique, plus
autoritaire par essence et ayant une certaine reconnaissance internationale? Il n'y a pas
non plus les visites d'étrangers, les trafics, louches parfois qui, en découlent... Enfin il
n'y existe pas de rivalité entre la mission et l'administration, celle-ci y étant absente...
Ainsi, Futuna n'est qu'une annexe religieuse, une pièce rapportée quelque peu
négligeable pour les préoccupations des évêques successifs du Pacifique Central qui
gèrent un immense domaine s'étendant des Samoa aux Tonga...
Notons aussi, que nous sommes ici dans la dimension micro-insulaire avec 1500
habitants et aucune base pour substanter un quelconque grand projet, relever un défi, ou
produire un système exemplaire pour l'extérieur puisque presque personne ne va à
Futuna...
C'est aussi une île segmentée par rapport à Wallis, avec ses deux districts
indépendants, ses rivalités traditionnelles maintenues. Son destin au 19 ème siècle est
curieux, île "fautive" par excellence, elle assassine le Père Chanel, mais échappe à toute
répression, puis se donne ou se prête au catholicisme en bloc comme touchée par la
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