Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

"racontars", cela n'empêche pas depuis deux ans le résident de venir quotidiennement y
chercher, "sans payer", sa bouteille de lait frais !
Or il est intéressant de noter ici que Renaud s'il fut très critique envers la mission
ne l'a jamais mise en cause directement dans la crise royale. Ainsi il notera dans un
rapport 1 après son incident avec le Père Fillion que "la mission n'est pour rien dans les
difficultés que j'éprouve avec les chefs" car la mission sait "qu'ils ont tout le pays contre
eux" aussi elle "reste prudemment neutre, ce qui ne veut pas dire absente".
Le 19 mai enfin, en partie réparé, l'aviso "Aldébaran" va quitter Nouméa au
moment où Renaud rédige un rapport explicatif étoffé sur les affaires de Wallis 2 . Renaud
y confirme que si le Père Fillion a inspiré lors de la publication par le résident Marchat
des "décrets de mars", la sédition du district de Hihifo, la mission depuis s'est éloignée
de la scène politique se réservant de tout faire contre la mise en place de l'école publique.
Aussi propose-t-ille départ du Père Fillion et comme avec l'instauration de la ligne
directe Nouméa-wallis, la gestion del'évêché du Pacifique central va nécessiter soit de le
rattacher à Nouméa, soit de l'ériger en évêché indépendant, il propose de faire nommer
évêque de Wallis, le Père Poncet qui fut missionnaire à Uvéa puis partit aux îles Tonga,
ses idées ne s'accommodant pas du conservatisme de la mission de Wallis...
Le 24 mai, "l'Aldebaran" arriva à Wallis mais va devoir vite repartir pour réparer
ses machines à Tahiti! Le ministre Mukoi a pris toutes dispositions pour réunir un fono
qui annulera l'élection de Kahofuna puis élira un nouveau roi ; le calme régne note un
câble du capitaine Le Pelletier. Le 29 mai, un télégramme du résident informe le
gouverneur Siadous d'une évolution soudain dramatique de la situation: "sollicite
respectueusement départ immédiat à Nouméa ... après tentative attentat... Si reste à
Wallis vie en danger ainsi que ma famille". Le commandant de "l'Aldébaran" va
confirmer aussi la gravité de la situation :"impossible laisser seul résident sans force
armée. Envisage le ramener". Le 30 mai, le gouverneur Siadous va ordonner une
enquête conduite par le ministre Mukoi et l'arrestation et l'envoi à Nouméa des
1 Cf: Renaud 11.34. du 15 mai 1933
2 Cf: Renaud 11.34 du 20 mai 1933.
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