Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Le mot annexion ni figure pas, même si le roi proclame: "Je veux entrer avec mon
peuple dans la grande famille de France". Mais "Uvéa devra avoir son roi et ses chefs" et
le passage aux lois Française sera graduel et "la loi Uvéenne" lorsqu'elle est spécifique
sera conservée, enfin le nerf de l'administration, la fiscalité restera du seul ressort du roi!
Lorsqu'on sait qu'un des objectifs des administrateurs de Wallis fut la maîtrise
financière, on peut juger comme un échec la démarche du docteur Brochard. Le moins
qu'on puisse dire est que cette initiative embarrassa le Ministère.
Un projet de loi érigeant le protectorat en colonie française ne fut déposé à
l'Assemblée Nationale qu'en 1917 (le 3 août) et ne sera approuvée qu'en 1920, (le 20
juillet). Puis le Sénat ne s'en saisira 1 qu'en février 1924 et ne l'adoptera pas... Comment
s'explique alors cette étonnante démarche qui répondait a aucune fm ?
Selon Poncet 2 , Mgr. Blanc aurait été informé par le résident d'un projet d'échange
de l'archipel avec la Grande-Bretagne :"sous peu, peut être Wallis deviendrait Anglais:
on céderait ce gage...pour obtenir la pleine et entière possession des Nouvel/es-
Hébrides". L'évêque choqué aurait fait part de son indignation. Le résident finaud lui
aurait répliqué: "Oh, dit-il, nous commencerons les premiers en annexant Wallis à la
France!".
Selon le Père Henquel 3 , il était probable que le roi avant de s'engager avec
Brochard avait consulté la mission qui lui aurait conseillé le texte publié...
D'ailleurs peu après ému par les commentaires des journaux parisiens rapportés
par le Père Delorme au Kivalu, celui-ci aurait voulu en accord avec le roi annuler la
demande d'annexion... L'affaire s'apaisa et sombra dans l'oubli momentanément; elle ne
devait refaire surface qu'à partir de 1918 avec les déboires du résident Mallet, suite au
1 Nous avons consulté le Secrétariat du Sénat sur cette affaire, mais celui-ci ne dispose d'aucune des
minutes du débat se qui laisse supposer que le projet ne fut pas inscrit à l'ordre du jour et fut renvoyé
en commission.
2 Cf : Poncet, op cit
3 Dans le bulletin de liaison de Wallis-Futuna et rapporté par Poncet mais aucune trace dans les archives
Maristes.
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