Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

§ 3. Des sanctions à la clémence
L'affaire réglée sur place, il restait à assurer sa conclusion juridique.'. Les trois
exilés, Monivai et les deux rois, furent interrogés à Nouméa. Il apparut immédiatement
que Monivai était le "deus ex machina" de l'affaire. Fils d'un Futunien et d'une Rotuma,
Monivai était neveu du roi Likaleto de Sigave. Bien que sans papiers, il prétendait avoir
servi pendant la guerre dans la milice maorie néo-zélandaise! Pour les faits reprochés, il
déclara n'avoir fait que suivre les ordres de son patron Mac Heady comme avoir ignoré
les formalités administratives pour rentrer à Futuna où d'ailleurs il répondait à une
demande de son oncle Likaleto ! Quant aux paiements en bons, ils étaient provisoires,
dus à l'absence de liquidité que Mac Heady devait apporter avec son navire! A propos de
l'ouverture de "son école anglaise", là aussi il n'avait agi qu'à la demande de son royal
parent qui voulait faire apprendre aux enfants l'arithmétique et les quatre opérations de
base "en Anglais à la mode de Futuna" 2.
Concernant l'ordre de quitter l'île intimé par le Père Haumonte, Monivaï affirme
n'en avoir pas eu connaissance sinon il aurait regagné Fidji ! Enfin à propos des menaces
d'expulsion du Père Haumonte , il les justifie par le refus du religieux d'assurer le service
religieux et il n'aurait agi qu'à la demande des rois...
Ainsi Monivai, penaud, s'efforça de se disculper tout en faisant endosser la
responsabilité des événements à ses comparses ! Le roi de Sigave, lui, reconnut avoir
contacté en accord avec son alter ego de Alo, la société Mac Heady qui devait payer le
coprah 8 shillings la livre contre 6 pour Peterson . Pour les autres charges comme le refus
d'obéissance au délégué ou au capitaine du "Cassiopée" , le roi "s'excuse" car il croyait
que la société Mac Heady réglerait tout à Wallis avec le résident.. . Quant à l'expulsion du
Père Haumonte, "c'est Monivai, tout seul... mon neveu" et le roi d'Alo était consentant
aussi...
1 Marchat 10.23 octobre 1929. Minutes des interrogatoires.
2 Cela semble indiquer à cette époque la conservation d'une sorte de "biche lamar" (lingua Franca) comme
il en existait dans de nombreux autres archipels océaniens et hérité des longs contacts avec les marins
anglais, français, allemands voire ibériques. Cf : Mulhausler P. : Samoan pidgin English and the
origins of new guinea pidgin : an introduction . ŒJ::L. Vol II. 1976.
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