Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

§ 2. Implantations géographiques
C'est à partir du début du 19ème siècle, qu'alimenté par les fuites des bagnes
australiens et l'arrivée de nombreux navires trafiquant dans les eaux du Pacifique, que le
phénomène va prendre de la consistance et aboutir à la création de véritables colonies de
batteurs de grèves dans diverses îles. Ainsi Hawaii en 1806 comptait 94 Européens, mais
200 en 1818. A Tahiti, dès l'essor du "Pork trade" après 1806, l'Amirauté Britannique
notait la présence d'une centaine d'Européens, convicts d'origine échappés d'Australie
pour la plupart. A Tonga, un naufrage voit dès 1796 l'installation de 6 marins, l'année
d'après 6 nouveaux déserteurs les rejoignirent. A Fidji en 1811, on cite 20 Européens à
Bau et un autre groupe à Levuka en 1825. Par contre à Samoa, en 1802 on ne signale
qu'un seul beach-comber marié et intégré; mais en 1830, on y recensera 25 Européens.
A partir de cette date, on peut constater l'extension géographique du phénomène: ainsi
Rotuma aura 70 batteurs de grèves en 1832 : au moins une douzaine à Wallis en 1836
selon Twining. A Nauru en 1841, on les estime à une vingtaine et presque autant à l'île
voisine d'Océan en 1845 (17 exactement). Les îles Gilbert en 1850 ont, elles aussi, un
contingent d'une soixantaine d'aventuriers cosmopolites].
En Micronésie enfin, une île retient l'attention, Ponape qui passe de 25 Européens
en 1835 à 150 au moins en 1850 ! On peut noter aussi l'existence d'autres groupes
d'Européens plus dispersés comme par exemple aux Salomon (cf. Coris op. cit. pour
San Cristobal), en Nouvelle-Calédonie (cf. Howe op. cit.), à Tokelau 2, et même en
Nouvelle-Zélande.
§ 3. Vie et rôle des colonies de "beach-combers"
Les batteurs de grèves ont joué pendant près d'un demi-siècle, voire dans certains
archipels trois quarts de siècle, le rôle d'intermédiaires et de truchements entre les villages
d'insulaires où ils résidaient et où ils s'étaient souvent intégrés, et les navires européens
1 cf.: Sabatier E. : Sous l'équateur du Pacifique. 1939. Edition Dillen.
2 cf. Hooper A. : A Tokelau account of Olosega. J.P,H. pp. 89-93. vol. 10 1975.
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