Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

celle de Futuna. Le premier résident Chauvot en 1887, fera d'abord lors de son arrivée
dans l'archipel, une courte escale à Futuna 1.
Il y constatera, informé peut être par les missionnaires présents, le bon
fonctionnement du système local d'assemblée ou fono qui débat et tranche les problèmes
locaux, élit les rois des deux districts qui se partagent l'île, Sigave et Alo. Si ce système
lui paraît démocratique, adapté au petit milieu insulaire et au tempérament local, à l'île
d'Uvéa, le premier résident va rencontrer un système très différent et moins conforme à
ses principes.
Le roi ou Lavelua (mais les femmes aussi sont éligibles à la fonction royale et c'est
la reine Amélia que va pratiquer Chauvot) a "un pouvoir sans limites". Cela a abouti à
une situation que déplore le résident :"]e suis navré de voir à quel état de servitude et de
pauvreté ces gens sont réduits à Wallis" ; servitude née d'un autoritarisme sans limites,
créant une pauvreté due aux prélèvements par impôts, levées de vivres, corvées qui
écrasent le peuple au profit de la noblesse. Le souverain est entouré par un Conseil des
Ministres (ou fono royal) composé des grandes familles princières qui sont, de par la
tradition, détentrices de postes ministériels inamovibles. Chaque ministre porte le titre de
sa fonction: Kivalu, Mahe, Futu a Tamai, Kulitea, Munua, Mukoifenua. Le Kivalu,
premier dans la hiérarchie, joue le rôle de Premier Ministre d'Etat et c'est lui qui
proclame le nouveau roi à l'issu du vote du Conseil d'Etat lors des successions royales.
Néanmoins Chauvot s'estime satisfait de ses relations avec la reine Amélia"qui coopère
avec confiance avec le résident".
Successeur de Chauvot, le résident De Keroman aura une première impression
plus terne de la souveraine et laconiquement il notera 2 : "visite à la reine, étendue sur ses
nattes très fatiguée", une discussion s'ensuivit en wallisien et, déconfit, le résident
déclare n'y "avoir rien entendu". En fait, le problème de la succession d'Amélia, malade
et âgée, était pendant et De Keroman aura à surmonter une situation difficile ainsi que
1 Cf: Chauvot 1.2. du 3 août 1888.
2 Cf : De Keroman 2.1. du 4 mai 1892.
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