Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

§ 2 - Le témoignage des marins
Il sera souvent abrupt et sans complaisance aucune envers ce qu'ils jugent être
une caricature de colonie. Ainsi le capitaine Huet 1 constate cyniquement "qu'on aurait pu
faire l'économie d'un résident "mais il juge que Chauvot s'est bien adapté avec le soutien
du roi et de la mission mais que: "sa situation est déplorable, il a acheté une case,
n'ayant jamais reçu la maison promise..." et l'officier note que l'absence de liaison
régulière avec Nouméa bloque tout progrès.
En 1903, le capitaine Ytier, commandant"La Meurthe", constate la difficulté pour
le résident Chaffaud de visiter Futuna et l'état lamentable de la résidence "une
maisonnette qui tient à peine debout" et où il est impossible de traiter décemment "un
capitainede navireétranger"2.
Un an plus tard, c'est un autre constat sévère que fait le capitaine Adigart, de
l'aviso "Protet" : " Jamais je n'ai eu le sentiment d'un plus complet abandon, et je ne
saurais qualifier trop sévèrement la désinvolture avec laquelle l'ancien résident a
abandonné son poste sans s'inquiéter de ce que deviendrait les intérêts français, sans
même mettre au courant les missionnaires qui se chargeraient de le suppléer dans ses
. ,,6
onctions .
fi
nfaut préciser que le résident avait "oublié" ou n'avait pu lever depuis six mois la
taxe sur le coprah de Futuna... Néanmoins, Adigard obtint l'appui du roi pour faire bâtir
une résidence qui remplacera "l'horrible baraque en bois peu digne du représentant de la
France" et déplorera qu'il n'existe "aucune force française à Wallis". Ces quelques
jugements de marins, pour succincts et rapides qu'ils soient, confirment bien le
dénuement des premiers résidents dans un protectorat oublié et sans aucun lustre.
1 Cf: Chaffaud 3.7. du 19 décembre 1903
2 Cf: Chaffaud 3.3. du 22 octobre 1904
- 47-