Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Forestier! : "vous voyez, mon cher Père Forestier, qu'il était temps pour Wallis d'être
protégé par la France malgré les craintes, hélas trop fondées , que vous m'avez
précédemment communiquées, et Futuna n'a qu'à se presser s'il veut échapper aux
nations protestantes". Si nous n'avons pas la lettre du Père Forestier, on peut déduire de
celle de l'évêque que les tractations avec la reine comme les autorités françaises, étaient
très avancées.
En 1887, un nouveau message de Mgr Lamaze dévoile l'ampleur des manoeuvres
auxquelles l'évêque s'est prêté pour faire avancer le protectorat. Souhaité aussi par
l'amiral Aube, le projet a l'aval de la reine mais pas celui des chefs secondaires, aussi
écrit-il: "...j'ai fait un séjour de plusieurs mois" et Futuna a été préparé aussi: "à
l'acceptation du Protectorat". L'évêque s'inquiète des conséquences si l'affaire s'ébruitait
et des réactions anglaises, aussi insiste-t-il sur le secret à conserver sur la fausse mission
scientifique à Wallis de M. Chauvot, déjà débarqué avec sa famille. Quant à la mission de
Wallis, elle appuie le mouvement engagé: "nos Pères de Wallis m'écrivent que tout s'est
très bien passé. Mais ils désirent qu'au plus tôt, le protectorat définitif soit établi, car les
voisins, dans l'intervalle, pourraient bien faire quelques essais auprès des chefs
secondaires qui ne savent pas encore lefin motè".
Ainsi il est clair avec ce secret, les précautions et les inquiétudes, que le pouvoir
missionnaire avait bien des limites précises et reposait sur un équilibre précaire des
pouvoirs wallisiens bien contraire au tableau de l'omnipotence de la mission et de son
alliée royale, Amélia chère aux résidents.
Par la suite, Mgr Lamaze, à plusieurs reprises, se félicitera de l'orientation prise
malgré la politique de laïcité de la France 3 : "puisse Wallis conserver son état actuel",
écrira-t-il au Père Bazin.
Ainsi, finalement, le résident De Kéroman comme Viala et Brochard, ont eu raison
d'affirmer que le protectorat fut une oeuvre de la mission, plus ou moins imposée à la
1 cf: Lettre de MgrLamaze du 19 septembre 1889. A.P.M. Rome
2 cf: Lettre de Mgr Lamaze du 22 mai 1887. A.P.M. Rome
3 cf: Lettres du Il octobre 1905 et du 12 mars 1906 où il déplore l'évolution de Samoa
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