Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

§ 4. Une autorité sans faille...
Conduite par un tel pasteur, la mission a subjugué les âmes, créé un système de
relations qui canalisa toute vie sociale vers elle; elle bénéficia d'une certaine aisance1 tirée
des contributions faites par ses ouailles et a construit d'importants bâtiments qui ancrèrent
sa présence grâce au travail volontaire de ses fidèles.
Mais elle a aussi réussi à mettre au point un intéressant système de pouvoir
d'autant plus fon qu'il était indirect. Ce sont les aspects de cette captation du politique
qu'il faut enfin évoquer.
a) Un pouvoir fort et discret
Les péripéties propres aux débuts de la mission, ballottée entre les luttes
d'influences de chefs opposés, menacée à tout moment par les caprices des Wallisiens ou
le retour offensif des protestants tongiens avaient vite enseigné aux Pères Maristes
l'urgente nécessité d'un contrôle aussi vigilant que possible de la situation politique
locale, de ses mécanismes. Une fois le gros de la population convertie, les jeunes mis
dans les collèges et les écoles, la mission s'attacha à suivre de près les évolutions propres
au pouvoir des rois et, écrit Viala, "à se substituer en quelque sorte, dans le
gouvernement indigène, au roi et aux chefs qui n'agissaient plus que sur ses conseilsè.
Ayant vite appris la langue, les missionnaires n'eurent guère de difficulté avec le pouvoir
moral qu'ils avaient acquis sur les âmes, à devenir les confidents ou les conseillers des
chefs, des princes, des parents du roi et du roi lui-même. Mgr Bataillon, qui fut l'anisan
de cette politique avait aussi sa tâche facilitée par le fait qu'il disposait du soutien de la
marine française qui ostensiblement à chaque visite lui donnait une aide et manifestait son
respect comme le passage assez long de "L'Embuscade" du commandant Mallet en 1842
1 Sur laquelle nous reviendrons et qui sembleloindu luxe prêté par les résidents...
2 cf. : Viala: 4.27 du 12 février 1908
- 94-