Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

jadis de fournir facilement le poisson devenu indispensable faute de conserves. Enfin
s'imposait le retour aux cultures vivrières, réduites ou négligées.
Cette période américaine a signifié l'argent facile, la découverte d'une puissance
matérielle et technique insoupçonnée, de nouveaux types de rapports humains. Les
structures traditionnelles et l'organisation sociale de Wallis ne pouvaient enregistrer cet
impact sans précédent que de façon passive. L'île de Wallis car Futuna ne connut pas de
présence américaine et resta complètement isolée, vit ses habitudes de vie et de travail
complètement remises en cause. Les laborieux efforts imposés depuis 1934 par les
résidents pour améliorer les productions locales, lutter contre l'oryctes, développer un
réseau de coopératives d'achat, promouvoir l'enseignement public, furent vite
abandonnés au profit d'un consumérisme sans précédent, favorisé par un argent souvent
vite et facilement gagné, voire au besoin par des méthodes qui ramenaient aux plus
mauvais jours de l'archipel avant 1840 avec le vol ou la prostitution... Aussi en 1945, la
situation de l'île apparaît bien précaire: le coprah faute de navires n'a plus été récolté
depuis des années, la population est en forte croissance et le problème des
communications avec Nouméa se pose à nouveau en entier. Moralement, si la mission
reste présente et puissante, elle éprouve le besoin comme elle ressent la difficulté de
reprendre en main la conduite de ses ouailles. La monarchie, si elle a réussi à traverser la
guerre, va aller de crise en crise, enfin l'administration coloniale est à rebâtir et sur des
bases bien floues dans une période de mutations des empires...
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