Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

§ 4. Salariat et transferts de revenus
La mise en place d'une fonction publique locale et la création d'emplois privés
(commerce, port, aérodrome) devaient à partir de 1950 contribuer aussi à changer les
mentalités. Si en 1950, le souci du nouveau résident est d'augmenter les salaires locaux,
c'est qu'il a pressenti certains changements: la grève des fonctionnaires du protectorat de
1951 et les efforts menés ensuite pour améliorer leur situation en témoignent. En 1951
toujours, suite à ce mouvement de revendication, le résident fit un rapport sur les emplois
et les revenus dans le protectorat. Il y notait que la pauvreté générale était la toile de fond
du décor social où les Wallisiens actifs se répartissaient en quatre catégories: les chefs
officiels et les Ministres bénéficiaient d'allocations qui en faisaient des privilégiés compte
tenu aussi des revenus coutumiers "invisibles" propres à leur charge. Les salariés du
protectorat, futurs fonctionnaires à revenus fixes étaient pour le résident, des rentiers car
ils ne s'estimaient tenus qu'à des obligations de service facultatives! ... A côté de ces
salariés officiels, le résident distinguait des employés qui se répartissaient en deux types:
les tâcherons (manoeuvres, dockers, etc) à l'emploi non permanent en général et aux
moyens de vie aléatoires, et, d'autre part, des employés à plein temps, que le résident
jugeait comme les meilleurs, les plus aptes, les plus entreprenants. En 1955, un autre
résident se déclare très satisfait de ses fonctionnaires locaux dont les salaires avaient été
sérieusement améliorés depuis 1951 1 .
A partir de 1952, les mandats expédiés de Nouméa et des Nouvelles-Hébrides
(Vanuatu) commençaient à compter aussi dans la vie locale (0,5 millions de francs en
1952, mais 1,3 millions en 1953) et cette aide ne devait que croitre comme on l'analysera
plus à fond par la suite.
Ainsi jusqu'en 1960, les premiers effets d'une mutation sociale sans précédent se
font sentir à tous les niveaux de la vie de l'archipel.
1 Si en 1953, la reine Aloisia percevait 2 500 francs C.F.P. (137,5 francs français), une infirmière
"locale" touchait 3000 francs c.F.P., un manoeuvre 1000 francs mais un auxiliaire de gendarmerie 1
1000 francs c.F.P...
- 591 -