Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

CHAPITRE V
UNE ILE CONSERVEE : FUTUNA, PROCHE ET
LOINTAINE...
La chronique de Futuna est beaucoup plus décevante à établir que celie de Wallis.
L'île moins peuplée, plus rustique, scindée en deux moitiés se livrant une "guerre des
boutons" chronique retient peu ou négativement l'attention. Depuis le premier quart du
19ème siècle, l'île à joui d'une"légende noire" fortifiée par les fréquents incidents
sanglants entre ses autochtones et les rudes baleiniers ou souvent louches trafiquants des
Mers du Sud. Puis le sombre règne du roi Niuliki clôturé par l'assassinat du Père Chanel
en 1841 acheva de conférer à l'île et pour longtemps dans la mémoire collective du
Pacifique central un statut "d'île sauvage". Si Wallis intéressa par éclipses les visées
françaises ou anglo-allemandes, Futuna ne souleva qu'une curiosité marginale... En
effet, ce bloc rocheux élevé, tombant en abrupt sur l'océan, sorte de sombre forteresse
boisée inquiétante est une île difficile d'approche car sans lagon, battue par les vents et le
ressac, vite dangereuse si le mauvais temps y apparaît pour le navire qui ne dispose
vraiment pour relâcher que de la rade foraine de Sigave ou pour les petits navires de
l'ancrage plus aléatoire de la pointe Velé.
Aussi point de consuls, point de visites prolongées, point de constructions
donnant, sauf pour la mission, un minimum de soutien logistique. Les navires y
passèrent longtemps en brèves escales pour s'y ravitailler, faire de l'eau, du bois et
embaucher (ou enlever) ses rudes et habiles marins des deux sexes très prisés par la
marine à voile. Petite, morcelée, escarpée, difficile d'accès, habitée par des insulaires
longtemps redoutables, aux chefs chicaniers, aux coutumes complexes, l'île n'attira guère
les voyageurs ou les batteurs de grèves. Aussi l'établissement du protectorat en 1887 y
fut une formalité vite expédiée et le contrôle de l'administration y fut tout a fait platonique
jusqu'en 1959 au moins. Aussi n'est-il pas étonnant que la littérature qui s'y attache soit
des plus succincte, que les sources administratives pendant longtemps n'y consacrent que
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