Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Marchat, lui, sera un homme de décision et d'action qui ne s'en laissera pas
conter, peut être fut-il trop réactionnel, et il subira la malchance de l'arrivée de l'oryctes.
Brochard non plus ne voulut pas s'en laisser conter et malgré ses façons de matamore,
dut se résigner lentement à accepter les routines insulaires. Il est probable que ses
rapports sont les plus superficiels, les plus partisans et médiocres aussi en terme de
qualité et témoignent d'une psychose insulaire paranoïaque....
Renaud, de même, malgré la clarté de certaines de ses analyses (sur le commerce
de Futuna, sur la mission ou les effets de la francisation économique) eut une vision
condescendante des rapports humains et fit preuve de maladresses et de rodomontades
accumulées et surtout, s'avéra incapable de gérer la succession royale... Enfin il y eut
David, le plus froidement équilibré des résidents du protectorat jusqu'en 1940. Sensible
aussi, derrière l'exigence permanente de sa fonction de chef naturel! Il a peut être trop
bien réussi et ses rapports, efficaces mais faussement modestes, sont une apologie du
dirigisme, transformant la société wallisienne en un mécanisme d'horlogerie dont il
avance ou recule les aiguilles et lit l'heure qui lui convient, à lui ou au gouverneur, en
remarquable horloger qu'il était...
De cette époque des résidents qui se clôt fin 1939, on peut distinguer trois
périodes. Celle des résidents-fondateurs, pionniers et défricheurs de la présence
française, c'est la période artisanale des rapports souvent succincts, parfois nourris de
détails oiseux ou de plaintes personnelles. TI s'agit souvent d'ailleurs, vu l'isolement des
premiers résidents, leur dénuement, de sortes de bouteilles jetées à la mer pour donner
signe de vie à Nouméa, espérer quelque considération ou petite satisfaction. Rapports
aussi de témoignages, ceux de l'impuissance, de la bonne volonté aussi de ces résidents
qui se succèdent et veulent faire quelque chose...
Mais, ils sont captifs des nécessités du quotidien, de l'équilibre bien instable de
leur position, balancés qu'ils sont entre la mission, le roi et le commerce, sur lesquels
leurs moyens de pression sont faibles ou nuls et d'ailleurs les gouverneurs le leur répètent
bien. Feillet ira même jusqu'à reprocher le coût de leur inutilité! Cette époque s'achève
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