Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Aussi, en 1882, Mgr Lamaze de retour de Futuna, laisse percer des reproches et
des doutes : "...on a été trop raide, ce me semble en défendant et punissant très
sévèrement certaines pratiques comme de se percer les oreilles, porter de longues
chevelures, couvrir la tête de chaux, le tatouage, etc... Je dois faire la même remarque
pour Uvéa. Les anciens missionnaires avaient déjà mitigé cette sévérité à cause des
murmures qu'elle excite sur place et dans les fles voisines1".
Respectable interrogation d'un homme de coeur et prince de l'église missionnaire
sur le sens de son apostolat et la pertinence des méthodes suivies et de leurs
conséquences quant à l'intégrité culturelle des "indigènes" soumis à une acculturation
imposée.
En 1918, c'est le Père Nicolas qui dans son rapport de visite témoigne d'une
certaine insatisfaction quand à la tournure prise par l'action missionnaire : "a-t-on fait
pour les populations tout ce qu'on aurait pu ? Satisfaits de les voir tous catholiques et
tous fréquenter les offices, a-t-on cherché à prendre les moyens pourfaire plus que de
leur donner un certain vernis ? .." Ainsi, le Père Visiteur posait une question de fond,
lancinante: quel est le degré de sincérité et la part de vécu de cette pratique édifiante ? ..
Et il poursuivait avec des accents "libéraux" sinon révolutionnaires dignes du résident
Viala pour critiquer les écoles internes de la mission où : "on y prie à tue-tête, on y chante
très mal et quand il y a par exemple le premier vendredi du mois exposition du Saint­
Sacrement, m'est avis que lafaçon defaire est plutôt de nature à tuer la dévotion et la
piété. Rien pour exciter la Foi et nourrir l'esprit et le coeur". Constat très grave pour la
pratique religieuse telle qu'elle était suivie à Wallis, constat de carence accablant pour la
pédagogie des missionnaires attachés à d'édifiants exercices religieux de groupe, niant la
réalité propre à chaque individu de la société indigène...
Pourtant, le même Père Nicolas, en 1913, lors d'une autre visite, avait avancé des
idées très restrictives quant à une des composantes fondamentales de la vie insulaire, la
famille: "chez les indigènes, l'éducation de la famille est nulle et plus que nulle, elle est
cf: Lettre de Mgr Lamaze du 14 juin 1882. A.P.M. Rome
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