Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

le relais d'attente de Vavao au nord-Tonga. Or, Mgr Lamaze et ses successeurs, Mgrs
Ollier et Blanc, qui résidaient à Tonga, devaient aussi visiter les petites missions
tongiennes de Ha-Ha-Paï, Vavao, voire des Niua, enfin, aller à Wallis et éventuellement à
Futuna... Aussi était-il fréquent qu'une tournée complète de visites d'un évêque nécessita
quelques six mois pour l'ensemble de l'Evêché avec souvent le courrier en instance dans
une des missions ou sinon à Tonga, résidence de l'évêque... Tous les prélats, surtout avec
l'âge, voire la maladie, eurent à déplorer ce système qui n'excluait pas aussi des réunions à
Sydney, siège de la Province Mariste, plus rarement à Rome, au Vatican, comme à Lyon,
qui fut jusqu'en 1932, le siège de l'ordre des Maristes. Mais un voyage en Europe
nécessitait aussi six mois environ dans les deux sens pendant longtemps...
Aussi, répondant à son attente exprimée depuis longtemps, Mgr Blanc obtint en
1937 que Wallis-Futuna soit érigé en Evêché autonome avec la nomination de Mgr Poncet
Ainsi, ce n'est qu'à partir de 1937 que les Wallis disposeront "in situ" d'un évêque
coiffant directement le Supérieur de la mission et responsable direct face à l'administration.
On peut ainsi mesurer combien fut grande la dérive normale du pouvoir missionnaire à
Wallis avec des visites à éclipse des évêques et, en leur absence, la difficulté de les
informer rapidement et d'avoir leur avis pour des problèmes importants ou urgents. Or,
une des forces des débuts de la mission fut que Mgr Bataillon, malgré les nécessaires
visites ailleurs, avait fixé à Wallis le siège de l'Evêché.
Ainsi, une des premières failles dans le système de pouvoir fut, à la mort de Mgr
Bataillon, le transfert à Tonga à partir de 1879 du siège épiscopal. Ainsi, de centre de
l'Evêché d'Océanie centrale, l'archipel devenait périphérique face à l'excentrique siège des
nouveaux Evêques à Nak:ualofa. Cela explique le poids pris par les Supérieurs de la
mission et après l'installation du protectorat (en 1887), le face à face direct dans lequel ils
seront placés avec les résidents, leur liberté d'initiative qui en résulta et la difficulté de leur
position lors de crises graves et parfois les erreurs qu'ils commirent ou les désaveux qu'ils
subirent (comme le Père Bazin en 1912) de leur hiérarchie.
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