Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

aussi la référence morale des actes de la puissance publique avec le risque que tout acte
abusif soit dénoncé haut et fort à Rome, à Paris, à Sydney par les porte-parole de l'église
qui jouissent de larges appuis dans la société civile... L'administrateur doit donc vivre
avec cette menace que toute crise créée dans la société indigène finit par se répercuter sur
la mission...
D'où la tâche délicate des résidents qui doivent séculariser le pouvoir
missionnaire, banaliser le pouvoir royal, régulariser les pratiques des commerçants et
étrangers. Aussi leur action, si on la prend en compte avec du recul, suivra deux axes:
l'un sera réformateur et visera la mission et le débordement temporel de ses pouvoirs;
l'autre axe sera créateur, c'est à dire que par de longs efforts, les résidents viseront à
instaurer leur autorité sur deux piliers : la santé et l'éducation et devant les résistances
locales chercheront par le biais de l'annexion à imposer une administration directe...
a) La limitation des abus féodaux
Jusqu'à 1933 au moins, et avec des accents plus ou moins forts, tous les résidents
constateront et déploreront la force des agissements féodaux et des abus donc, à leurs
yeux, commis par les rois et princes et récupérés en partie au niveau de l'esprit du
système par la mission sous forme de prestations, dons, corvées... A l'occasion du
cyclone de 1888, le résident Chauvot sera un témoin privilégié pour constater la force du
pouvoir des "grands" sur le peuple wallisien qui subit en période de disette les réquisition
de vivres des princes qui affectent "les trois quarts des Uvéens et leurs familles" 1. Valsi
peu après fera le même constat, les chefs abusent de leur autorité par un système de
réquisition qui décourage les wallisiens et "ne laissent au pays aucune ressource, au
commerce aucun élément" 2. Ainsi un quart environ des Uvéens, c'est à dire les princes
et leurs parents, disposent de pouvoirs discrétionnaires reconnus sur l'ensemble de la
1 Cf : Chauvot 1.13. du 30 avril 1896
2 Lettre de Valsi au gouverneur du 01/09/1893. Fonds Bouge.
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