Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

ne disposons que de rapports indirects du résident Brochard d'une part, et des sources
missionnaires avec Mgr Blanc et Mgr. Poncet, ce dernier, compilant Mgr. Blanc qui fut
un témoin plus direct.
Brochard peu après cette visite témoignera d'une certaine satisfaction car il
estimait que le traité de protectorat qui venait d'être retouché mettait le résident à sa place,
ce qui était une défaite de la mission. Le roi va dépendre du résident et ne transmettra plus
les ordres de la mission "en homme de paille". Et avec une transition et des
ménagements, il pense que ''peu à peu on prendra le pli de venir, d'écouter, puis obéir au
représentant de la France". Ce statut pour Brochard n'est que provisoire, car prépare
"l'établissement de son autorité définitive dans ces îles" c'est à dire l'annexion 1 •
Or d'après les sources maristes 2l'optimisme de Brochard semblait bien exagéré.
Le gouverneur Bonhoure en effet, dès son arrivée le 18 mai à Wallis se serait excusé pour
l'arrêté d'expulsion pris contre le Supérieur de la mission sans consultation de Nouméa!
Puis au presbytère de Mata-Utu, "en présence des Pères Bazin, Moussey et
Fil/ion, il exigea que le résident fit des excuses au Père Bazin, puis déclara qu'il voulait la
paix à Wallis et, dans ce but, demanda aux Pères de l'aider à rétablir le roi Tokila en vue
de sauvegarder le prestige de la France...".
Malgré la réticence de la mission, un grand conseil royal fut réuni à bord du
"Kersaint". Devant tous les notables de l'île "le gouverneur déclara qu'il annulait le décret
d'expulsion, rendait hommage aux missionnaires et à leur oeuvre, puis blâma vivement
l'acte de déposition de l'ancien roi et demanda aux missionnaires de ne pas s'ingérer dans
les affaires politiques du pays. Après quoi, il fit connaître sa décision: pour l'instant il
n'y a plus de roi à Wallis, que les chefs procédent immédiatement, en toute liberté, à une
nouvelle élection".
Laissé seuls, la cinquantaine de chefs et notables s'enferma pour délibérer avec
"calme et dignité". Le résultat fut la déchéance définitive de Tokila et la confirmation de
1 Cf: Brochard 5.19. du 1er juin 1910.
2 Cf : Mgr. Poncet, op cit page 57 à 60 qui compile Mgr. Blanc, Histoire des îles Wallis, op.cit.
Brochard confirmera d'ailleurs cette modération de Bonhoure.
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