Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

eligieuses, avec les "ofisa", "...qui sont tous des chefs ou fils de chefs, ce sont les
hommes les plus influents du pays"},
Outre les officiers, existaient les "sous-officiers" ou "Kau-Gave" qui secondaient
les premiers, mais en dehors des églises. Chaque mois, l'organisation se réunissait avec
un missionnaire qui après un sermon, leur indiquait les tâches à accomplir, relevant
d'abord de la surveillance de la jeunesse non mariée et du soutien des "Matua" (ou
anciens) et des Pule (chefs) pour veiller à la moralité des couples... C'est la reine Amélia
qui légitima leur pouvoir sur les jeunes et en fit les adjoints du pouvoir civil pour les
adultes. "C'est une organisation puissante qui aide très efficacement les Missionnaires ..."
note Ollivaux qui détaille avec complaisance leur fonctionnement de policiers et de
veilleurs des bonnes moeurs comme des "vertus nocturnes" ... cette milice va aider aussi
les Pères à planter les cocotiers pour la mission (7.000 en 1879 à Lanutuli2. Le zèle des
miliciens les pousse aussi à faire des cadeaux aux missionnaires : "l'année dernière, au
premier jour de l'an, mes Ofisa de Mua m'ont fait un cadeau de 120 piastres, de 100
poules, de 2.000 ignames et de beaucoup de nattes fines" se réjouissait le Père
Ollivaux...
Enfin, l'organisation des officiers surveillait "les femmes etfilles des Wallis qui
viennent au port... nous empêchons les européens d'abuser des femmes..." ce qui selon
le missionnaire, explique la rancoeur des marins, privés aussi d'alcool à terre! Et le Père
conte comment cette milice se fit restituer douze hommes qui comptaient partir sur un
baleinier de passage et refoula aussi quatre marins déserteurs.
Néanmoins, la mise en place de cette milice en 1871 par Mgr Bataillon souleva,
note le Père Ollivaux, des jalousies et problèmes de prérogatives entre les fono des
officiers d'église et ceux du pouvoir légal... Mais cela "a fait place à la concorde et à
l'union". La soumission des chefs étant devenue effective, le missionnaire estime que : "il
1 Lettre du Père Ollivaux du 16 octobre 1879 à Mgr Lamaze.
2 Et, notait le Père Ollivaux ingénument : "ah, ce n'est pas ici que les ouvriers se mettent en grève". cf
: Lettre du 5 février 1878. A.P.M. Rome. Notons que le Père Ollivaux confirme que ce sont 1.200
hommes qui, sous forme de corvées, construisirent au temps du résident Valsi, la grande jetée de pierre
pour l'accostage des navires en 1892
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