Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

que la procédure de recrutement suivie par l'administration comporte quelques carences.
En effet, les Wallisiens ont été engagés selon le régime des travailleurs sous contrat
organisé par l'arrêté de 1943, mais compte tenu des réformes du code du travail colonial
entreprises après 1945, on a abrogé les articles prévoyant des sanctions en cas de
mauvaise conduite ou abandon de l'employeur. Or, étant libres de travailler à leur gré, les
Wallisiens désertent ceux qui les ont recrutés... Ainsi les dispositions prévues par les
clauses du recrutement deviennent inapplicables.
Peu après, une série de plaintes sera déposée par les colons, voire des Conseillers
Généraux, à Koumac et Hienghene contre l'attitude des Wallisiens.
A Wallis même, le résident pour des raisons locales va demander à Nouméa de
suspendre provisoirement au moins les recrutements. En effet, constatant les besoins
locaux en main-d'oeuvre pour replanter les cocoteraies et entretenir les plantations,
ressentant les conséquences sociales propres aux femmes restées seules, le résident
estime que le seuil de 200 départs atteint en milieu 1948 (y compris les engagés dans
l'armée recrutés depuis 1946) ne doit plus être dépassé. Mais le résident ne cache pas que
les mesures conservatrices qu'il recommande vont à l'encontre des désirs exprimés par
les jeunes wallisiens et passent outre les craintes des réactions de la mission et des chefs
wallisiens pour des motifs opposés d'ailleurs.
Les mêmes réserves de l'administration se feront jour par la suite chez les
résidents en ce qui concerne le recrutement d'appelés du contingent à Nouméa. Ne parlant
pas le français, les recrues restaient isolées, n'apprenant rien et après dix huit mois
revenaient avec une "mauvaise mentalité" répètent divers rapports. Ces arguments
devaient avoir un certain poids puisque pour 1950 l'armée limitera à 50 les appelés de
l'archipell.
Ainsi, jusqu'en 1950, les recrutements de travailleurs vont rester en l'état, compte
tenu des déboires des premiers convois et des restrictions apportées par les résidents.
1 Cf: Rapport Cresson du 20/4/1949.
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