Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

§ 1. La fin du Coprah
La production s'était arrêtée fin 1940 avec la rupture de la liaison maritime avec
Nouméa. L'installation des bases américaines va provoquer un pressant appel de main
d'oeuvre salariée, phénomène assez nouveau à Wallis. Embauchés comme manoeuvres
ou employés, les hommes désertent leurs plantations de cocotiers comme les cultures
traditionnelles avec l'abondance du ravitaillement américain cédé a bas prix, voire offert
en cadeau. Les femmes vont s'employer aussi par centaines comme blanchisseuses (plus
de 500 recensées !). Bien que passé à 2850 francs la tonne, le coprah est voué à
l'abandon, d'autant plus qu'avec l'arrêt des corvées de nettoyage, l'oryctes prolifère.
Seule Futuna reste à l'abri de ces transformations, mais faute de navires ne peut vendre
du coprah et, en 1943, le résident Mattei y notera "une misère effrayante".
§ 2. Le bouleversement des structures sociales
Il est dû à de nombreux facteurs: afflux massif de dollars, apparition du salariat,
début de l'immigration des insulaires vers les bases américaines de Nouvelle-Calédonie.
Cette véritable et soudaine révolution rompant le rythme routinier d'une île repliée jusque
là sur elle même ne pouvait être sans conséquences sur la société locale, ses habitants et
leurs conduites. Un rapport du directeur du cabinet du gouverneur de la Nouvelle­
Calédonie (l'amiral Thierry d'Argenlieu) consignera des observations de première main1.
Il notera que l'autorité des chefs et du roi n'est plus respectée, si les amendes pleuvent,
elles sont payées en dollars sans rechigner! Quant aux nobles et chefs uvéens, on a dû en
1943, augmenter leurs soldes de 1000 % car ils étaient socialement déclassés par rapport
à un manoeuvre ou une blanchisseuse... L'évêque s'émeut de l'indiscipline et surtout du
relâchement des moeurs locales : vols sur les dépôts américains, débrouillardise,
cf: Rapport Fourcade, septembre 1943. Archives du Haut commissariat. Nouméa
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