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Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

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Il avait pour cela un appui du Ministre circonvenu par ses soins. Albert Lebrun<br />

dans une note' écrivait en eff<strong>et</strong> au gouverneur <strong>de</strong> Nouvelle-Calédonie que "les indigènes<br />

seraient non seulement disposés à payer, mais réclameraient l'impôt <strong>de</strong> capitation"...<br />

Aussi pour financer certains proj<strong>et</strong>s, le ministre proposait <strong>de</strong> "s'appuyer sur les facultés<br />

contributives <strong>de</strong> la population", mais seul précisait-il "le gouvernement indigène peut<br />

déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la mise en place d'un impôt".<br />

Aussi Brochard revenu à <strong>Wallis</strong> en avril 1912 adoptera un ton triomphaliste sur la<br />

question <strong>de</strong> la capitation. "Le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> mon arrivée, une délégation <strong>de</strong> trente<br />

notables, ayant à leur tête J'ancien roi Josephe 2, <strong>et</strong>, ce qui est plus caractéristique, le chef<br />

actuel "<strong>de</strong> la guerre", est venue solennellement à la rési<strong>de</strong>nce pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l'impôt <strong>de</strong><br />

capitation". Ainsi, en <strong>de</strong>ux ans, la capitation qui était chose taboue <strong>et</strong> inimaginable à<br />

<strong>Wallis</strong>, a trouvé un "gros parti" dans le pays, estime le rési<strong>de</strong>nt. Même le roi en titre se dit<br />

favorable à c<strong>et</strong> impôt. Mais Brochard, comme il l'a montré, sait être madré aussi <strong>et</strong><br />

tempérer quelque peu ses débor<strong>de</strong>ments oratoires (car il écrit en parlant !) qu'il<br />

affectionne <strong>et</strong> il ajoute plus froi<strong>de</strong>ment: "ma présence est pour les natifs synonyme<br />

d'impôt <strong>de</strong> capitation. Ils étaient persuadés que j'allais l'imposer à moi tout seul dès mon<br />

r<strong>et</strong>our ...".<br />

Cependant, précise Brochard, ''je n'ai pas voulu aller trop vite". Il a donc fait<br />

savoir que l'impôt préconisé représentait "le désir du Ministre". Mais "qu'il fallait<br />

d'abord que tous soient absolument d'accord dans le pays". Aussi a-t-il confié au roi la<br />

mission <strong>de</strong> faire accepter la capitation en ajoutant, goguenard: "il est certain que quelques<br />

déceptions ont eu lieu". Selon lui, l'impôt <strong>de</strong> capitation commence à être accepté, car<br />

beaucoup <strong>de</strong> <strong>Wallis</strong>iens veulent se libérer "<strong>de</strong>s charges beaucoup plus écrasantes pour<br />

eux <strong>de</strong> la mission" en taxes <strong>et</strong> corvéesê.<br />

1 Cf: Brochard 5.38 du 18 septembre 1911. Dépêche du ministre au gouverneur<br />

2 C'est à dire l'ex-roi Sosefo Mautarnakia <strong>de</strong>stitué par la mission <strong>et</strong> ses alliés, <strong>et</strong> ami du rési<strong>de</strong>nt.<br />

3 Citation manuscrite du rési<strong>de</strong>nt en bas <strong>de</strong> page: "L'impôt en question rapporterait environ 55 000<br />

francs, ce qui porterait à 7 0000 francs le budg<strong>et</strong> <strong>de</strong>s <strong>Wallis</strong> avec suppression <strong>de</strong> l'allocation <strong>de</strong> Paris".<br />

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