Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

messe)". Et Viala, administrateur très bien informé, affirme que, d'après ce que lui a
répété à plusieurs reprises le Supérieur de la mission, les dépenses faites annuellement
par cette dernière étaient de 25.000 francs environ! Somme qui contrairement aux
apparences est très élevée puisque les missionnaires "vivent sur le pays" grâce aux dons
et aux produits cultivés sur leurs terres. Viala constate que ce système permet l'auto­
fmancement de la mission dans l'abondance matérielle "ainsi la missionfait bonne chère
et le supérieur possède la seule voiture qui existe à Wallis..." Le successeur de Viala, un
républicain laïc intransigeant, Brochard dénoncera aussi la puissance commerciale de la
mission qui "obtient gratuitement le coprah grâce aux corvées royales":
Quelques années plus tard sous le résident Marchat 2 , l'affaire de l'activité
commerciale de la Procure de la mission Mariste provoquera une plainte des commerçants
pour concurrence déloyale...
En effet, la mission incite "ses enfants" à acheter leurs produits de base dans les
dépôts de la procure qui "constitue une véritable maison de commerce: les paroisses...
ont en dépôt des marchandises de toutes sortes ..." mais ces produits sont déchargés,
amenés au dock gratuitement par les officiers du Tiers Ordre et les enfants réquisitionnés,
quant aux commerçants ils "prêtent" depuis longtemps un chaland.
Or la mission ne paie pas patente et alors que les produits de la Procure étaient
réservés à son seul personnel, elle a ouvert ainsi une concurrence déloyale d'où une
pétition très prudente d'ailleurs du commerce au résident! Pour les résidents, à cette
situation d'abus s'ajoute les excès réguliers des réquisitions de main d'oeuvre que ce soit
pour le roi, les princes et qui fmalement, presque tous les résidents l'ont noté, pèsent très
lourd sur la vie locale. Aussi tenteront-il d'infléchir cette situation par des réformes,
comme le firent Marchat et David, soit par une tentative de récupération au profit de
l'administration, des corvées que certains résidents estiment gâchées par la mission ou les
chefs; Valsi ainsi put utiliser les corvées pour construire sa fameuse jetée d'accostage,
1 Cf: Brochard 5.7. du 27 décembre 1909
2 Cf: Marchat 10.35 du 31 décembre 1929.
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