Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

§ 3. L'administration ou le règlement des chicanes ordinaires
A Futuna, de 1888 jusqu'à 1960, l'administration restera épiphénoménale. Dans
la phase classique du protectorat (1888 à 1940), seul un missionnaire représentera la
France et le résident de Wallis. TI perçoit les taxes de sortie du coprah, les quelques droits
d'ancrage, les patentes, plus tard l'impôt de capitation, enfin tient l'Etat civil; il assure
aussi face aux chefs le rappel épisodique de l'existence d'un protectorat français.
Situation finalement souple et adaptée à une petite population fixée sur un micro-milieu
insulaire marginal et qui se rencontre aussi dans de très nombreuses autres îles du
Pacifique, sans "histoire" finalement...
Néanmoins, l'île vit sa quotidienneté et les problèmes qui en découlent, relevant
souvent des rapports avec le système des comptoirs à coprah. Ces rapports et les
incidents ou mini-crises qui les ponctuent, montrent dans le caractère futunien, un certain
durcissement comme dans le tissu social et ses hiérarchies où l'étranger, qu'il soit
commerçant, administrateur ou missionnaire, a peu ou pas de prise. Est-ce dû à
l'instabilité du pouvoir exercé par les rois, fait plus de représentation que d'action? Est­
ee dû aussi à la simplicité rustique des représentations d'un pouvoir souvent bien
prosaïque ... ? Quoi qu'il en soit, les quelques rapports administratifs rejoignent les
témoignages plus anciens des marins ou trafiquants: les insulaires sont durs à la peine,
excellents marins, aventureux, friands de nouveauté. Mais ils sont, aussi, plutôt
taciturnes, moins joyeux et expansifs que la majorité des Polynésiens, moins soucieux de
montre et d'ostentation. Enfin ils sont aussi querelleurs, obstinés, goûtent la chicane et la
procédure, aiment braver les étrangers...
Le résident De Sainte Marie comme De Keroman, lors d'une tournée,
dénonceront les manières "irrespectueuses" des rois d'Alo et Sigave à leur passage, Déjà
lors de l'affaire Laoufu, trublion insulaire d'une ambition effrénée, Val si avait dû
parlementer pour que Laoufu veuille monter sur le "Scorff' pour s'y expliquer. Mais le
passe-temps favori des Futuniens résidera pendant longtemps dans la pratique de l'art
1 Cf: Lettre du résident De Sainte Marie au Gouverneur du 26 Juin 1896. Fonds Bouge.
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