Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Roi de 1906 à 1910, chassé par les amis de Bazin, adulé par Brochard, ménagé par
d'autres résidents, il redeviendra roi en 1932. Or il était depuis longtemps un adversaire
de la mission, Viala le notera; il voulait des réformes, émanciper son peuple de la tutelle
missionnaire. Déjà pour des motifs restés obscurs (vengeance, litige foncier) en 1909 il
menaça le Père Bazin d'expulsion, s'en ouvrit à Viala, fut suivi par Brochard.
Ami aussi de J. Brial comme de Joubert1, chancelier républicain et tortueux, son
ombre entre ses deux passages à la royauté pèsera lourd sur la vie locale, expliquera
beaucoup de complots, d'agitations dirigés contre la mission ... Or, connaissant depuis
1904 ses intentions, celle-ci ne put empêcher (et ne sembla guère s'en être souciée...) son
élection à la royauté en.1906 ! Pourtant en 1904, le Père Henquel craignait déjà de futurs
problèmes fonciers avec le nouveau roi Luciano Aisake qui décéda en 1906.
Aussi, nous ne prenons pas en compte la théorie du pouvoir missionnaire,
poussant ses pions royaux, les manipulant, les évinçant s'ils deviennent gênants... En
fait, la mission eut à compter, voire à composer avec le pouvoir indigène et la longue
parenthèse de Mgr Bataillon et de la reine Amélia donna illusion sur la continuité prêtée
par les résidents à la toute puissance du pouvoir missionnaire.
§ 2. La milice des officiers d'église
Pourtant, s'il est nécessaire de consigner les témoignages évidents des nombreux
flottements du pouvoir mariste, celui-ci disposait néanmoins d'une autorité réelle,
articulée sur un instrument de commandement, les officiers d'église. Un des rares
documents rencontrés sur ce sujet traite assez longuement sous la plume du Père
Ollivaux, de cette organisation et de son rôle. Les officiers d'église furent créés par Mgr
Bataillon; l'organisation comprenait un service d'ordre des offices et cérémonies
Sur 1. Brial, le Père Bazin écrivit: "cet individu sur le compte duquel j'ai cherché en vain des
renseignements est un hypocrite tout à fait stylé". Et sur Joubert, Bazin est tout aussi féroce. Selon
lui: ..... c'est l'ennemi le plus bête ou le plus sournois de la mission". Selon Bazin, Joubert était un
ancien déserteur blanchi qui après une faillite frauduleuse comme agent à Wallis de la société Kaad,
aurait envoyé à Nouméa, grâce à un prêtre Wallisien, des fonds détournés... cf: R.P. Bazin du 6 (SD)
1910. APM Rome
- 378 -