Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

immédiatement qu'il existe aux Wallis, aussi bien qu'a Futuna :"une autorité bien
supérieure à celle du résident,je veux parler de la mission catholique" 1.
Celle-ci a pris rapidement "un ascendant chaque jour plus grand, et ils arrivèrent
(les missionnaires) peu à peu à se substituer en quelque sorte, dans l'administration
indigène aux rois et chefs qui n'agissaient plus que sur leurs conseils ". Supplantant
l'autorité administrative française sans moyens, contrôlant et dictant au besoin les actes
des rois et princes, les missionnaires jouissent aussi d'une puissance matérielle qu'ils ont
construit lentement: "quatre vastes églises, solides constructions en pierres de taille, ont
été bâties aux Wallis par la population et entièrement à sesfrais; trois églises semblables
se sont élevées à Futuna, des presbytères et des couvents, des collèges et des
séminaires".
A cette puissance des instruments du pouvoir missionnaire créée par l'aide et la
foi populaire s'ajoute le patrimoine foncier, propriété de la mission et qui permet à celle­
ci d'assurer son ravitaillement de base :"la mission possède quatre vastes propriétés
entretenues à peu de frais pour elle, par la population; ces propriétés, qui lui ont été
données pour subvenir à l'entretien des frères et soeurs indigènes, constituent pour elle
en réalité une importante source de revenus. La mission estfort à son aise et ne manque
de rien; la population wallisienne subvient à tous ses besoins et à toutes ses dépenses" 2.
A côté de tous ces pouvoirs, la mission est servie par des prêtres de caractères forts,
voire audacieux comme le fut Mgr Bataillon, des esprits ouverts et respectables comme
Mgr Lamaze et le Supérieur de l'époque de Viala, le révérend Père Bazin, dont le
résident Viala dresse un portrait presque admiratif: "En ce moment, toute l'action de la
mission des Wallis se résume dans le RP. Bazin installé depuis seize ans à Mata-Utu...
Il connaît le pays d'une façon parfaite, connaît à fond l'indigène...C'est un homme
instruit, intelligent, extrêmement adroit, et extrêmement dévoué à sa congrégation.
Aucun chef, le roi en tête, ne saurait guère se passer de ses conseils, il est consulté sur
1 Cf: Viala 4.23. du 12 février 1908
2 Cf: Viala 4.23 du 12 février 1908
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