Espaces coloniaux et société polynésienne de Wallis-Futuna ... - IRD

Ainsi le roi est le symbole de la pérennité et de la continuité du consensus social et
de la tradition insualire. Mais ce qui importe c'est la représentation et la permanence d'un
mécanisme social plus que sa personne propre, changeante et souvent victime des
vicissitudes locales ainsi que l'atteste le nombre de complots contre les rois, réussis ou
avortés, au moins pendant la période 1888-1933 à Wallis.
Il en résulte, selon la personnalité du souverain et les circonstances locales, deux
attitudes. Ou bien le roi incarne et rehausse sa fonction et lui donne un fort accent
personnel, c'est le cas avec la reine Amélia, ou bien le souverain n'est que l'ombre de sa
fonction. Ainsi s'explique le côté ostentatoire et naïf parfois que certains souverains
donnent à leur règne sur "une garenne d'hommes gouvernée avec une certaine pompe
rustique" 1 , voire leur côté despotique et théâtral (comme le roi d'Apemana des îles Gilbert
décrit par Stevenson) mais souvent aussi apparaissent des personnages sans relief ainsi
qu'en témoignent de nombreuses sources pour Wallis. En fait, le besoin de pompe et les
manifestations d'une autorité plus ou moins théâtrale ne sont souvent que le produit de la
rencontre avec les Européens, de leur influence et de leurs conseils, c'est à dire une
corruption de la conception océanienne du pouvoir.
Ainsi, même terne ou effacé, vivant modestement et sans apparat, le roi de Wallis
(comme ailleurs en Océanie) est dépositaire de par sa fonction de pouvoirs importants qui
sont, eux, la vraie marque et la vraie majesté de sa fonction.
b) Le chef porteur du prestige suprême
A côté de la permanence de la fonction qu'il assure le roi est porteur de prestige.
En effet, le souverain appartient à une (ou des) lignée qui a son existence inscrite dans la
1 Cf : Stevenson RL. : Dans les mers du sud, op. cit, p. 174.
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