12.07.2015 Views

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

CHAPITRE II.L’IDEE ENCYCLOPEDIQUE AUX XVIIIE ET XIXE SIECLESleux, si cadavérique, que nous avions peine à en soutenir la vue et qu’il nousfaisait peur comme un fantôme. […]Si pourtant ce livre nous a causé quelque tort, c’est celui de nous avoir faitprendre bien cordialement en grippe toute philosophie, et particulièrement lamétaphysique. Par contre, nous nous jetâmes avec d’autant plus de vivacitéet d’ardeur sur la science vivante, l’expérience, l’action et la poésie. 1Goethe critique donc un type de livre qu’il considère comme statique et figé. Decette critique il exclut Diderot qu’il admire pour son talent du dialogue, son insistancesur la supériorité de l’échange et de la communication verbale sur l’exposé systématique2 . L’autobiographie de Goethe néglige ainsi la familiarité qui existait entred’Holbach et Diderot et souligne la différence entre une philosophie qui se présente« sous une forme systématique à vocation d’achèvement » (d’Holbach) et « une démarchephilosophique qui n’est pas systématique mais en recherche, en questionnementet en reprises permanentes » 3 . Il admire peut-être chez Diderot une capacité qui n’estpas seulement celle du compilateur et du systématicien, mais aussi celle de l’écrivaindont parle Henri Meschonnic : « celui qui met du temps dans les mots, leur donne plusque du temps, il leur donne le temps, par le pouvoir qu’ils ont ensuite de continuerd’agir. » C’est l’écrivain en tant que « vrai symboliste » qui est ainsi capable de représenterune Totalité dans le sens de Diderot et le Rêve de d’Alembert: « Tout change.Tout passe. Il n’y a que le Tout qui reste. » 4Comme Diderot avant lui, Goethe apparaît en fin de compte au centre d’undouble-mouvement marqué par le « besoin encyclopédique » et la critique de ce besoin.C’est dans cette dialectique qu’il nous faudra comprendre l’encyclopédisme goethéendans les Affinités électives.1 Goethe, Souvenirs de ma vie. Poésie et Vérité, pp. 315-316 « Auf philosophische Weise erleuchtet undgefördert zu werden, hatten wir keinen Trieb noch Hang ; über religiöse Gegenstände glaubten wir unsselbst aufgeklärt zu haben, und so war der heftige Streit französischer Philosophen mit dem Pfafftum unsziemlich gleichgültig. Verbotene, zum Feuer verdammte Bücher, welche damals großen Lärmen machten,übten keine Wirkung auf uns. Ich gedenke statt aller des « Système de la nature », das wir aus Neugier indie Hand nahmen. Wir begriffen nicht, wie ein solches Buch gefährlich sein könnte. Es kam uns so grau,so cimmerisch, so totenhaft vor, dass wir Mühe hatten, seine Gegenwart auszuhalten, dass wir davor wievor einem Gespenst schauderten. [...] Wenn uns jedoch dieses Buch einigen Schaden gebracht hat, so wares der, dass wir aller Philosophie, besonders aber der Metaphysik, recht herzlich gram wurden und blieben,dagegen aber aufs lebendige Wissen, Erfahren, Tun und Dichten uns nur desto lebhafter und leidenschaftlicherhinwarfen. » Goethe, Aus meinem Leben. Dichtung und Wahrheit, p. 545.2 Cf. Krebs, "Le dialogue avec Diderot", p. 116.3 Cf. Bourdin, J.-C. (dir.), Les matérialistes au XVIIIe siècle, Paris, Payot & Rivages, 1996, p. 16.4 Diderot, D., Le Neveu de Rameau et autres dialogues philosophiques, Paris, Gallimard, 1972a, p. 188.117

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!