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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE III.FLAUBERT ET L’INSPIRATION GOETHEENNECette dispute scientifique montre bien que la langue scientifique se sert del’imaginaire et que c’est l’autorité qui en dernière instance décide ce qui est vrai ou non.<strong>Flaubert</strong> montre la difficulté de se représenter le progrès scientifique en chimie à traversune description des analogies possibles entre homme et objets inorganiques :[…] puis, sans le moindre scrupule, Bouvard et Pécuchet se lancèrent dansla chimie organique.Quelle merveille que de retrouver chez les êtres vivants les mêmes substancesqui composent les minéraux. Néanmoins, ils éprouvaient une sorted’humiliation à l’idée que leur individu contenait du phosphore comme lesallumettes, de l’albumine comme les blancs d’œufs, du gaz hydrogènecomme les réverbères. (BP, p. 117)Ce passage ne comporte pas de référence littéraire, mais seulement le terme« chimie organique » suivie d’une phrase en style direct libre « Quelle merveille… », etde nouveau, en discours indirect, le récit du narrateur qui fait entendre l’idée reçue. Onretrouve pourtant ici aussi un jeu rhétorique entre chimie organique et inorganique,entre monde inanimé (minéraux) monde animé (organisme vivant).Dans le courant du XIX e siècle, la chimie joue aussi un rôle de plus en plus importanten agriculture, autre aspect de l’activité de Bouvard et Pécuchet et autre occasionpour eux de se confronter à cette discipline. Comme Goethe, <strong>Flaubert</strong> a contacté lessavants de son temps, parmi lesquels l’agronome Jules-Emile Godefroy (1833-1899),pour savoir quels erreurs deux néophytes parisiens peuvent commettre à la campagne 1 .Comme l’a montré Jean Gayon, Godefroy a rédigé un petit rapport de quinze pages 2dans lequel il informe entre autres <strong>Flaubert</strong> des changements survenus en agriculture àla suite de l’utilisation croissante des phosphates pour améliorer les engrais entre lesannées 1840 et 1870 : « dans les années 1870, lorsque <strong>Flaubert</strong> rédige Bouvard et Pécuchet,la problématique chimique des engrais minéraux l’a emporté chez les agronomes.En 1840, c’était un objet de controverses. Le montre le célèbre traité de Gasparin(1843). <strong>Flaubert</strong> avait lu attentivement ce traité, mais il avait aussi parfaitement comprisquel parti l’avait emporté dans les années 1870 » 3 . <strong>Flaubert</strong> aurait donc tenu compte des1 Cf. Gayon, J., "Agriculture et agronomie dans « Bouvard et Pécuchet » de <strong>Flaubert</strong>." Littérature, 109,1998, pp. 59-73.2 Godefroy, Notes pour Mr de <strong>Flaubert</strong>. Des fautes que peuvent commettre deux Parisiens qui veulent selivrer à l’agriculture Manuscrit inédit, Bibliothèque du Muséum national d’histoire naturelle.3 Gayon, "Agriculture et agronomie dans « Bouvard et Pécuchet » de <strong>Flaubert</strong>." ici p. 62.229

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