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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE III.FLAUBERT ET L’INSPIRATION GOETHEENNEquée par la traduction du Faust par Nerval en 1828 1 . On sait que, dans un premiertemps, la découverte de la nouvelle littérature allemande ne se fait pas sans distorsion.Le milieu littéraire français tend à assimiler les auteurs du Sturm und Drang – et particulièrementGoethe – au mouvement romantique, en occultant Tieck, Novalis, Wackenroderou Schlegel et en attribuant à Hoffmann un rôle clé. « On rêve plutôt del’Allemagne que de la connaître », comme le note Cheval 2 , et selon Paul Bourget dansles années 1830 le terme de romantisme traduit « en même temps qu’une révolutiondans les formes littéraires, un rêve particulier de la vie, à la fois très arbitraire et trèsexalté, surtout sublime » 3 . Il faut attendre Baudelaire et les auteurs de la deuxième moitiédu XIX e siècle pour que change le regard français sur ce mouvement d’idée et cecourant littéraire. Chez <strong>Flaubert</strong>, ce regard devient de plus en plus pessimiste pour donner« ce nihiliste [qui] était un affamé d’absolu » 4 . Cela le conduit à une approche spécifiquede la littérature allemande et singulièrement de Goethe, qui traduit ses exigences àl’égard de la conception et la forme du roman ainsi que plus généralement de la placeattribuée à l’art dans la vie.Mon hypothèse est que l’intérêt ou la sensibilité de <strong>Flaubert</strong> pour les Affinitésélectives et l’œuvre tardive de Goethe reflète l’évolution de la réception de celle-ci enFrance au long du XIX e siècle. Pour cela, je m’appuie en particulier sur les analysespionnières du comparatiste Fernand Baldensperger. Dans un ouvrage paru pour la premièrefois en 1904, s’appuyant sur un dépouillement de la presse française, Baldenspergermontrait en effet que les références à Goethe et à son œuvre avaient connu à partirdes années 1860 une rupture marquée par deux évolutions : la première est une consciencenouvelle de l’ampleur de l’œuvre scientifique de l’auteur et de son importancepour son œuvre littéraire ; le second est une meilleure appréciation de l’homme 5 . Unrien de caractérisé, et qu’on ne sait pas dans quel but elle a été conçue ». de Staël-Holstein, G., De l'Allemagne,Paris, Garnier-Flammarion, 1968, t. 2, pp. 46 sq.1 cf. Hoffmeister, G., Goethe und die europäische Romantik, München, Francke, 1984. La première traductiondu Faust de 1823 est dû à Albert Stapfer.2 cf. Cheval, R. J., "Die deutsche Romantik in Frankreich", in T. Steinbüchel (dir.), Romantik. Ein ZyklusTübinger Vorlesungen, Tübingen, Stuttgart, Rainer Wunderlich Verlag Hermann Leins, 1948, pp. 251-271, ici p. 260, 264-265.3 Bourget, Essais de psychologie contemporaine, p. 84.4 Ibid., p. 106.5 Baldensperger, Goethe en France, p. 279 sq. Baldensperger s’appuie notamment sur une lecture duJournal encyclopédique, le Journal de Paris, L’Année littéraire, le Journal des savants, le Cours de litté-161

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