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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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CHAPITRE III.FLAUBERT ET L’INSPIRATION GOETHEENNESelon Goethe, la vérité émerge ainsi d’un sentiment de totalité – idée cyclique etéminemment encyclopédique –, à l’œuvre de la même manière dans les différents domainesde la vie spirituelle. Quelques décennies plus tard <strong>Flaubert</strong> trouve de la mêmemanière que les littéraires (« les sciences morales ») « manquent de sciences » et ilcherche un modèle dans les sciences physiques. Il écrit ainsi à Mlle Leroyer de Chantepie,le 12 décembre 1857 :Le roman n’a été que l’exposition de la personnalité de l’auteur et, je diraisplus, toute la littérature en général, sauf deux ou trois hommes peut-être. Ilfaut pourtant que les sciences morales prennent une autre route et qu’ellesprocèdent comme les sciences physiques, par l’impartialité. Le poète est tenumaintenant d’avoir de la sympathie pour tout et pour tous, afin de lescomprendre et de les décrire. Nous manquons de science, avant tout; nouspataugeons dans une barbarie de sauvages: la philosophie telle qu’on la faitet la religion telle qu’elle subsiste sont des verres de couleur qui empêchentde voir clair parce que: 1° on a d’avance un parti pris; 2° parce qu’ons’inquiète du pourquoi avant de connaître le comment; et 3° parce quel’homme rapporte tout à soi. « Le soleil est fait pour éclairer la terre. » Onest encore là. (Corr. II, pp. 785-786)On peut se demander dans quelle mesure cette quête d’une exactitude littéraireformulée aussi bien par Goethe que par <strong>Flaubert</strong> est compatible avec leur critique dumatérialisme et du positivisme. Une réponse à cette question pourrait être que les deuxauteurs se méfient des grandes théories unilatérales et des dogmes, mêmes scientifiques1 . Ce que Jean Lacoste formule pour Goethe me semble encore valable pour <strong>Flaubert</strong>: la conception scientifique de Goethe est pour lui « la première conception pragmatiqueet phénoménologique de la science, celle qui ne confond pas les faits et les explications,et qui admet, par principe, comme Popper, que les théories sont fragiles ets’inscrivent dans une expérience du monde, dans un horizon fini dont il n’est pas permisà l’homme de vraiment s’évader… Conception pragmatique, mais non sceptique oupyrrhonienne, de la connaissance, dans la mesure où la conscience du caractère historiquementdéterminé de la science humaine n’entraîne nullement une démission de laFällen, sondern überall in Wissenschaften, Künsten wie im Leben stattfinden müsse. » Goethe, J. W.,"Naturphilosophie", Goethe's Werke. Vollständige Ausgabe letzter Hand, Tübingen, Stuttgart, 1833, pp.208-210, p. 208. Ma traduction.1 Cf. Leclerc, La spirale et le monument. Essai sur Bouvard et Pécuchet de <strong>Gustave</strong> <strong>Flaubert</strong>, p. 90 sq.201

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