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Ecriture encyclopédique – écriture romanesque - Gustave Flaubert ...

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HILDEGARD HABERL. ECRITURE ENCYCLOPEDIQUE, ECRITURE ROMANESQUEtionnent toutes sur le modèle « début – réalisation – abandon » et, sur le plan sémantique,suivent le paradigme « enthousiasme – identification – désillusion » 1 .Yvan Leclerc a proposé une réponse à la question de l’ordre dans le parcours deBouvard et Pécuchet en repérant à la fois une distinction entre sciences dures dans lapremière partie du roman et humanités dans la seconde – de la physique à la métaphysique– et le début au moins d’une structure alphabétique – agriculture, arboriculture,chimie, diététique, géologie, histoire, littérature, magnétisme, métaphysique, philosophie,religion 2 . Comme d’autres critiques, il souligne aussi l’importance d’un axe verticaldans les plans et scénarios de l’auteur, qui dresse des listes et des colonnes de nomset d’ouvrages avant de les insérer dans le roman. A partir de ces listes, <strong>Flaubert</strong> auraitainsi élaboré l’idée d’un roman très particulier réduisant l’action au minimum et faisant« éclater la narration dans le sens de l’énumération » (das Erzählen in Richtung Aufzählensprengen) 3 . On trouve donc bien dans ce roman encyclopédique un « enchaînementdes connaissances ». Le passage d’un savoir à l’autre, le lien entre deux domaines reposesur l’échec qui suscite dans un premier temps la déception voire la dépressionavant d’engager les deux protagonistes dans une curiosité nouvelle pour un domainevoisin de celui qu’ils abandonnent. La séquence élémentaire « d’enthousiasme – identification– désillusion » donnerait ainsi un « ‘nouveau type de roman’ dont les chapitrescorrespondent moins à de grands moments du récit qu’à des domaines de connaissances,à des divisions qui pourraient être celles d’une bibliothèque » 4 . En effet, chaque domainedu savoir se caractérise par sa « bibliothèque », c’est-à-dire un corpus de livrescités dans le texte. Ce qui distingue ici <strong>Flaubert</strong> de Goethe, c’est sa pratique del’intertextualité. Chez Goethe sauf exception – on y reviendra – aucune source, lectureou document utilisé dans le roman n’est cité directement et il a détruit son travail préparatoire.On ne peut donc reconstituer ses lectures que par des données biographiques etses propres travaux scientifiques. Par contraste, Jacques Neefs a utilisé la formuled’« impératif du documentaire » pour décrire chez <strong>Flaubert</strong> un processus1 de Toro, A., "Bouvard et Pécuchet: Description du niveau de l'histoire", in A. de Toro (dir.), <strong>Gustave</strong><strong>Flaubert</strong>, Tübingen, Narr, 1987, pp. 121-147, p. 128.2 Leclerc, Y., La spirale et le monument. Essai sur Bouvard et Pécuchet de <strong>Gustave</strong> <strong>Flaubert</strong>, Paris,C.D.U. et SEDES, 1988, ici pp. 68-69.3 Sprenger, U., "Die Früchte des Wissens. Agronomie und Imagination in « Bouvard et Pécuchet »." RomanistischesJahrbuch, XLVIII, 1997, pp. 84-119, ici p. 115.4 Séginger, "Forme <strong>romanesque</strong> et savoir. Bouvard et Pécuchet et les sciences naturelles".134

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